Reginald Swithin, troisième comte d'Havershot, se rend aux États-Unis à la demande de sa tante, Lady Clara, pour voler au secours son cousin Egremont sur qui une Américaine a mis le grappin. À bord du train qui le mène de Chicago à Los Angeles, Reggie fait la connaissance de la douce April June, une star de cinéma dont il s'éprend. Arrivé à Hollywood, il retrouve Eggy qui lui apprend son prochain mariage avec Ann Bannister, avec laquelle il était lui-même fiancé deux ans auparavant. En tant que chef de famille, Reggie s'apprête à exercer son autorité sur son alcoolique de cousin pour le ramener au bercail. Mais au cours d'une visite chez le dentiste, une « erreur d'aiguillage dans la quatrième dimension » le conduit à échanger de corps avec le jeune Joey Cooley, enfant-star placé sous la tutelle du producteur de cinéma Brinkmeyer, de sa tyrannique sœur, la vieille Miss Brinkmeyer, et d'Ann, qui lui sert de nounou. Pour Reggie, désormais prisonnier de la malingre carcasse d'un gosse de dix ans aux boucles d'or, les ennuis commencent, d'autant que le jeune Cooley n'entretient pas les meilleurs rapports professionnels avec April June...
Ce roman de P. G. Wodehouse paru en 1936 n'appartient ni à la série des Jeeves, ni à celle de Blandings Castle, ni à aucune autre d'ailleurs de l'univers du maître de l'humour british. Il s'agit d'un one-shot dans lequel l'auteur, qui travailla plusieurs années à Hollywood, livre une vision très caustique de l'industrie de la fabrique à rêves alors en plein essor. On y retrouve, évidemment, l'enchaînement de situations improbables et cocasses chères à Wodehouse, ainsi qu'une galerie de personnages hauts en couleurs, de l'aristocrate anglais oisif mais plein de bonne volonté à son pendant inepte en passant par des femmes au caractère bien trempé. Même si ce n'est pas, loin s'en faut, le meilleur roman du génial écrivain, son style inimitable fait souvent mouche, preuve qu'un Wodehouse moyen vaut mieux que beaucoup d'autres livres.