Une heureuse surprise.

Au temps de la comète est un livre qu'il est bon de lire de nos jours.
La première partie du livre en effet, nous paraît lointaine et la description de la saleté et de la vétusté du monde nous permet de bien comprendre le décalage séparant le nouveau monde de l'ancien.

Même si la misère, la pauvreté, la saleté n'ont pas disparu de notre monde, loin de là, nous avons souvent tendance à nous imaginer que nous sommes à présent des êtres évolués. L'idée de n'avoir jamais prit de bain-douche, de porter des souliers à clous ou de ne pouvoir fréquenter qui nous voulons nous paraît absurde, à nous, Hommes modernes. La distance séparant l'avant et l'après comète, bien que moindre, n'est pas si loin de la différence entre ce vieux monde et le notre... Si ?
Si cette idée que nous nous faisons de la grandeur de notre société nous permet de mieux apprécier les explications du vieux monde de Willie, il faut néanmoins admettre que nous ne nous en sommes pas éloigné beaucoup.
La jalousie, la haine, le mépris et l'égoïsme existent encore aujourd'hui, tout comme l'amour, l'amitié et le partage existaient déjà à l'époque. Encore de nos jours, certains restent privilégier pendant que d'autres sont abrutis par le travail. Déjà à l'époque l'amour vous transportait.
Nulle comète n'est venu caresser la terre de son brouillard vert et l'évolution humaine n'est toujours pas débarrassé de ses défauts malgré le regard dédaigneux que nous pouvons porter sur le début du vingtième siècle, et la lecture de ce Wells en devient très intéressante de ce point de vu.

La vision du nouveau monde de Wells est elle aussi agréable à découvrir. Pleine d'espoir, de paix, de quiétude et d'intelligence, cette photo d'un monde imaginaire -qui pourtant ne serait pas si difficile à concevoir- est comme un baume au coeur. Un doux rêve, une utopie qui vous remonte le moral. L'hypocrisie fait place à la sincérité, la douleur à la douceur, et ce qui nous est tristement courant est ici comiquement absurde. En effet, quelle sottise que notre monde ! Se prend on parfois à penser. Si inutilement compliqué, si malheureusement cruel, si douloureusement plein alors que nous pouvons être si seuls...
Rien à voir avec la langueur simplette et idiote des Eloïs de la machine à explorer le temps. Ces hommes sont si proches de nous ! Leur esprit est simplement libéré, l'embrouillamini de leur cerveau éclaircit par la brume. Il nous en faudrait donc si peu ?!

Du point de vu de la narration, je dois admettre que la première partie me parut un peu longue. Certes, il faut le temps au narrateur de bien expliquer le monde dans lequel il vivait à quelqu'un qui ne l'aurait même pas imaginé, mais j'avoue avoir relâché un peu mon attention avant la course poursuite vers Shaphambury. Ceci dit, la description du passage de la comète et de son action sur la terre fut tellement prenante que je pardonne volontiers les quelques longueurs du début. Les descriptions qui y sont faites et les réflexions qui y sont développés sont bien imaginées et bien menées, même si je ne suis parfois pas d'accord avec tous les détails de cette utopie.

Wells nous fait donc réfléchir puis rêver dans cet ouvrage qui, malgré un début un peu lent, se lit très rapidement et peut facilement enchanter le lecteur.
Une jolie découverte de mon point de vu, que je conseillerai volontier.