Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo est un livre qui est sorti en 1965 mais qui a été écrit au lendemain de la guerre par Delbo, notamment dans les cafés. L'autrice y raconte son expérience d'Auschwitz à travers de petits textes ou poèmes qui ont été rassemblés.
Ce qui me "surprend" toujours dans les livres sur la déportation, la Shoah, etc., c'est que la personne qui l'a vécu et qui l'écrit racontera toujours son vécu de sa propre manière, de ses propres yeux, racontera certainement des horreurs que d'autres ont vécu mais avec leur mot et leur sensibilité. Jamais, il ne me viendrait à l'esprit de me dire qu'un tel exagère les faits ou qu'un tel me donne l'impression de répéter quelque chose que j'ai lu autre part.
Et pourtant, l'horreur reste sensiblement la même. Des passages de texte de Charlotte Delbo prennent véritablement aux tripes. Les quelques phrases qui parcourent parfois une courte histoire sont marquantes, impressionnantes tant la bestialité humaine est poussée à son paroxysme. Ou quand l'inhumanité prenait le dessus sur tout le reste.
Il demeure absolument important et primordial que les jeunes générations continuent à lire ce genre de bouquins de nos jours, qu'en ces temps sombres où les inégalités se font plus grandes, où la personne différente par sa couleur de peau ou sa confession sont pointés du doigt et stigmatisés de se rappeler que tout a commencé comme ça. Que tout a commencé par une crise économique de 1929 qui a plongé l'humanité dans une crise sociale. Que par un ressentiment d'une population, on a stigmatisé un peuple.
Qu'au crépuscule de cette année 2019, jamais l'humanité et la société n'avaient autant ressemblé aux années 1930. Et la question du climat en plus risque d'être une cerise sur un gâteau empoisonné.
Puissent nos générations continuer à s'ouvrir au monde et à lire des Delbo, Levi, Weismann et tant d'autres. Pour garder foi en l'humanité. Et en espérant ne pas sombrer à nouveau vers l'inhumain.