Autant en emporte le vent par Mathilde Aimée
Comme très souvent, quand un monument cinématographique est une adaptation, il est fortement recommandé de lire le livre dont il est issu: il y a des chances qu'il soit encore meilleur, et que le plaisir éprouvé au visionnage soit au rendez-vous à la lecture, et plus fourni car l’œuvre n'a pas encore été amputée par le processus d'adaptation nécessaire.
C'est le cas ici. Pour être honnête je n'aimais même pas trop le film, je l'avais vu en raison de son statut de classique incontournable, mais je l'avais trouvé long, Scarlett me sortait par les yeux, Ashley me semblait d'une fadeur sans nom et j'ai rarement été aussi satisfaite qu'un personnage principal se prenne un râteau qu'à la fin du film au moment de la classique réplique de Rhett Butler "Frankly my dear I don't give a damn".
Mais mon envie perpétuelle de comparaison m'a poussée à lire quand même le pavé d'origine, et bien m'en a pris.
Scarlett est toujours une garce caractérielle et égocentrique, mais le récit nous laisse davantage l'occasion de la comprendre, de la suivre dans ses mésaventures, et même dans ses moments de déraison d'admirer son courage ou du moins sa ténacité.
Son histoire d'amour tumultueuse avec Rhett Butler (le personnage le plus intéressant et charismatique du livre) est infiniment plus prenante ici, on comprend mieux les enjeux de la bataille de ces deux personnages, les rendez-vous manqués, la difficulté de baisser les armes dans le choc de ces deux égos immenses qui se croisent sur fond de Guerre de Sécession. La fin, identique dans les faits, en est d'ailleurs infiniment plus douloureuse ici.
De la même manière toute la galerie de portraits de personnages secondaires est elle aussi bien plus approfondie et nuancée, et les personnages qui peuvent dans le film sembler avoir une certaine fadeur ou faiblesse ont ici beaucoup plus de relief, ou sont du moins mieux représentés.
Mais en dehors des aventures sentimentales entre personnages et de leurs parcours de vie, un "personnage" prend ici bien plus d'importance et qui bénéficie d'une approche originale est tout simplement le "Sud".
L'auteure, Margaret Mitchell, ne fait pas mystère de ses origines et sympathies sudistes, et un des grands intérêts de ce récit est d'avoir le point de vue de la population du sud concernant cette guerre. Celui des méchants esclavagistes et non pas des gentils libérateurs du nord.
Il serait difficile d'expliquer ça dans un résumé alors un conseil, pour vous faire votre propre idée, lisez-le! ;)
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