Mmm... J'ai pas mal hésité à écrire cette critique, d'abord parce que personne d'autre n'a lu le bouquin pour le moment (encore moins la version originale), et que je ne pense pas qu'il va y avoir des masses de gens à le lire, du coup c'est assez vain... Et aussi pour la raison que cette œuvre de fantasy est particulière... Le problème principal, c'est que je dois faire attention en la recommandant.


Alors tout d'abord, il faut savoir qu'il devrait être interdit de livre cette œuvre dans une langue autre que sa langue originale* [*précisons que cette assertion va être bientôt plus ou moins démentie]. Autant parfois ça passe, mais pour celui-là, il vaut mieux ne pas le lire du tout que de tenter la version française. Il suffit déjà de regarder comment les titres ont été traduits :
La trilogie "The Prince of Nothing" devient "Le Prince du Néant", ce qui pourrait être une traduction acceptable dans un certain contexte, mais pas du tout ici.
Le premier tome "The Darkness That Comes Before" devient "Autrefois les ténèbres", ce qui est joli, par contre c'est n'importe quoi; ça ne colle pas du tout au livre et puis le titre anglais est vraiment primordial.
On arrive à la traduction du tome 3 "The Thousandfold Thought" qui devient "Le chant des sorciers", et là c'est la goutte d'eau : un des éléments essentiels de la saga est complètement passé à la trappe ! C'est parfait.
Mais ça ne s'arrête pas au titre. J'ai feuilleté la traduction, et certains noms propres deviennent abominables en français. Donc voilà : un livre à lire en anglais. Premier problème.
[*Ceci dit, je préfère préciser que je ne peux aucunement juger de la qualité de la traduction. Je me suis juste basé sur de petits éléments, qui m'ont fait peur quant à l'ensemble... Et il semblerait que l'on puisse tout de même pleinement apprécier l'œuvre dans sa traduction, selon le membre Dupain, ce qui me remplit de joie ! Je recommande bien sûr l'originale, mais bon, s'il n'y a pas le choix...]


Ensuite, il se trouve que cette saga a été critiquée en raison de ce qu'elle s'inspire d'événements et de personnages historiques réels. Donc si vous n'aimez pas ce genre d'approche, mieux vaut s'abstenir... Mais moi au contraire, je trouve ça génial. Déjà, ne nous voilons pas la face, mais toute œuvre s'inspire de ce qui existe déjà... Et donc moi, quand je découvre un monde de fantasy, j'aime bien pouvoir associer des éléments de ce monde à des choses que je connais; ça permet de moins se perdre, et puis c'est pas mal pour avoir des images assez nettes à l'esprit. En plus, je trouve le principe de réécriture historique très intéressant; ça peut aussi permettre, si on est curieux, de pousser un peu plus loin en cherchant la réalité derrière la fiction, un travail de détective que personnellement j'aime assez.
Alors dans "The Darkness That Comes Before", les sources d'inspiration sautent aux yeux : il s'agit de la première croisade et du pape de l'époque, d'une Rome-Byzance et de Jérusalem, des croisés et des Sarrasins. Quant au personnage d'Anasûrimbor Kellhus, un des plus intéressants de la série, avec sa quête de la perfection intellectuelle et de la domination mentale sur tout individu, il faudrait chercher plus profondément, mais on peut deviner des origines parmi les diverses sectes de moines guerriers asiatiques nées au Moyen Âge. Et il y en a des tas d'autres encore.


Vient s'ajouter à cela que le livre, outre la complexité de son intrigue, de ses personnages, de la psychologie de ses personnages, est très chargé en protagonistes (avec des noms alambiqués), en écoles et sectes, en systèmes de pensée, en événements historiques (c'est toute une chronologie qui a été créée), tout cela regroupé (heureusement) dans un glossaire (qui atteint les 50 pages dans le tome 3). En un mot, c'est pas du léger !


Dernier point qui sera peut-être susceptible de déplaire : il y a pas mal de scènes de sexe (c'est une sorte de caractéristique du genre). Mais il faut préciser qu'il ne s'agit pas ici de pornographie gratuite, mais d'érotisme avec des buts bien précis, que je ne développerai pas, tout comme je ne développerai pas l'histoire, afin d'en dévoiler le moins possible aux potentiels lecteurs (mais après avoir lu tout ça (si on arrive jusque là déjà) à mon avis, il n'en restera plus des masses...)


Bon sinon, je tiens à dire que ce livre est très bien foutu : c'est très bien construit (mention spéciale aux citations qui ouvrent chaque chapitre. Citations tirées d'œuvres inventées par l'auteur, ce qui est très courant, mais là elles ont vraiment la classe !), les personnages sont extrêmement intéressants, et l'intrigue est menée de main de maître.
Ah oui, et c'est un livre qui a la particularité de déborder de potentielles réflexions philosophiques, à tendance assez Nietzschéenne entre autres (Bakker a été étudiant en philo); c'est assez énorme. Il faut dire que le côté philosophique est quand même très explicite, donc ça aussi ça peut déplaire. Mais pour les adeptes de doubles niveaux de lectures et tout simplement de stimulation intellectuelle (je précise quand même qu'il ne s'agit pas pour autant d'un traité philosophique hein !), il y a là matière à intérêt. Un des personnages principaux, Achamian, est entre autre philosophe, et il existe dans le livre diverses écoles sorcélo-philosophico-religieuses on va les appeler comme ça. Sous un certain angle, "The Darkness That Comes Before" peut être considéré comme un livre sur la pensée. Citons juste un des thèmes principaux omniprésent dans la saga : le conflit entre l'intellect et le charnel. Mmm... intéressant !


Voilà, je crois que j'ai à peu près fait le tour. Bravo à ceux qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout de ce commentaire. En conclusion, "The Darkness That Comes Before" est un livre qui peut (beaucoup) plaire, mais avec pas mal de choses dedans qui peuvent déplaire, donc... ben faut bien jauger quoi !

Dimitricycle
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le 26 août 2011

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Dimitricycle

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