Avant la nuit par SullyRay
Qui est Arenas ?
La question semble bête, mais il faut garder en tête que la plupart des gens entre dans l'oeuvre par cette autobiographie. De toute manière, on entend jamais que parler de cette autobiographie en ce qui concerne Arenas, d'autant plus que ça a été adapté à l'écran. C'était bien la seule chose qu'Arenas ait écrite dont on peut faire un film. Parce qu'Arenas est avant tout un foutu poète, et même dans sa prose, dans ses romans, tout n'est que poésie et liberté. Sérieusement, Arenas fut d'une certaine manière l'écrivain le plus libre (j'aime bien la formule).
Donc on rentre par la case Avant la nuit. Avant la nuit raconte la vie d'Arenas... Et comment dire... C'est à la fois incroyablement drôle et fou mais aussi pas si poétique ni si audacieux que peuvent l'être ses romans (comme Encore une fois la mer). Il y a donc une légère déception. Ca été du moins mon sentiment. Je me suis dit que bon, si les romans doivent être si "plats" quant à leur style... Mais ce n'est pas le cas (mais je pense que toi lecteur tu dois bien commencer à le comprendre puisque depuis le début je n'arrête pas de dire d'une manière plus ou moins caché, et plus ou moins - mais surtout moins - subtile qu'il faut lire les romans de Reinaldo).
Mais toi lecteur tu dois peut-être vouloir en savoir un peu plus sur le contenu parce que moi je dis simplement que c'est une autobiographie et que donc il y raconte sa vie comme si au fond tout le monde connaissait la vie de Reinaldo alors que bon... bon... non quasiment personne ne l'a connait. De toute manière, qui c'est ce Reinaldo Arenas ? Mince j'ai commencé par là...
Reinaldo Arenas est une tante, une tata, une folle, mais il a rencontré plus grandes folles que lui (notamment en prison où les folles se bastonnent à grands coups de bouts de bois renforcés de lames de rasoirs...). Reinaldo Arenas est cubain. Mais être gay et cubain est à la fois le bonheur et l'horreur. Dans Avant la nuit, Arenas nous raconte la difficulté qu'il y a à être gay dans un pays qui progressivement devient homophobe, qui parque les gays dans des camps ou qui les exilent (alors qu'en même temps, il y a aussi pas mal d'homosexuels qui hypocritement mènent des vies de famille et font leur trou dans l'administration). En plus, Arenas est poète, un de ces épris de la liberté qui collent pas vraiment au profil du révolutionnaire communiste. Et pourtant, Arenas s'avance, va en prison, s'échappe, est poursuivi, vit la belle vie avec ses petits amis, devient fortuné, perd tout, écrit, écrit, écrit.
Ce livre possède une force, il est habité par le goût de la vie, même si finalement Arenas, épuisé par le sida qui le rongea, choisira de se suicider.