Je préfère le film
C'est après avoir revu le film que j'ai eu envie de découvrir le livre. Et je dois dire que je préfère le film.Le livre n'est pas dénué de qualité, et sa principale, selon moi, est d'arriver à nous...
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le 7 juil. 2024
Edward Morgan Forster est mort il n'y a pas si longtemps, dans la première année de la décennie soixante-dix. Depuis sa disparition beaucoup de changements ont eu lieu dans notre société occidentale. Les problèmes sont différents et il n'est pas inintéressant de se plonger dans ceux qui nous ont précédés.
Les oeuvres de cet anglais qui fit partie du groupe de Bloomsbury (entre autres avec Virginia Woolf) sont marquées par une société anglaise puritaine, étouffante et paralysante pour la liberté des individus faibles et/ ou fragiles.
A room with a view (1908) aborde le thème de l'indépendance féminine dans un monde où les femmes sont cantonnées à jouer un rôle de jolie poupée décorative. L'entrée dans le roman se fait par la porte d'un voyage en Italie effectuée par la jeune et innocente Lucy Honeychurch chaperonnée par sa cousine Charlotte Bartlett. Lucy reviendra de Florence et de Rome métamorphosée avec la hardiesse nécessaire à son affranchissement qui sera long et semé d'épreuves.
La pension dans laquelle doivent séjourner les deux cousines les déçoit d'abord beaucoup car la vue sur le fleuve l'Arno promise par la logeuse s'avère être une vue banale, sans charme, ni fleuve. S'apprêtant à changer de lieu, elles font alors la rencontre de Mr Emerson, homme peu distingué, dont les manières choquent, et que le franc-parler pousse à proposer aux deux anglaises d'échanger sa propre chambre et celle de son fils, Georges, avec les leurs afin qu'elles puissent profiter au mieux du charme italien.
Le décor est planté, c'est tout vu : Emerson et son fils sont des gens infréquentables dont les sujets de conversations sont insipides et dont l'éducation est entièrement à revoir. Mr Emerson passe même pour avoir assassiné sa femme et George pour un dépressif éternellement insatisfait de son existence. On apprendra plus tard qu'il n'a même pas été baptisé. Ce qui suffit pour faire de lui le fils d'un criminel lui-même en faute et dans le péché.
Pourtant les destins de ces hommes et femmes si différents par leurs mondes respectifs que l'on pourrait qualifier de bourgeois (à des stades de maturation variés) seront amenés à s'enchevêtrer et à se croiser pour faire de ce roman une forme de plaidoyer pour l'explosion des conventions sociales et religieuses. Lucy et Georges se feront à eux deux, tour à tour, l'unique voix de Forster qui parsème son roman de réflexions profondes sur l'utilité de règles sociales impitoyables avec ceux qui s'en éloignent.
Il est difficile de ne pas raconter le roman tant celui-ci est une réelle méditation sur la psychologie humaine qui subit les influences d'un milieu et d'une époque donnée.
Je vous conseille de lire le roman avec un oeil neuf, n'espérez pas trouver plein de rebondissements. Les personnages sont assez travaillés dans leur caractère et ont quelque chose à nous dire sur ce que nous n'avons pas connu. On suit les atermoiements d'une jeune fille en devenir, coincée entre son éducation et ses instincts faisant triompher l'Amour, le vrai.
Je me suis peut-être un peu ennuyée à la fin mais le "dénouement" s'il faut utiliser ce mot là est une ode à l'avenir à la limite du bucolique.
Par ailleurs je vous conseille aussi l'oeuvre Maurice publiée à titre posthume en 1971...j'irais presque à dire que je l'ai préférée à cette historiette de Lucy. Mais c'est à voir. Forster reste un génie littéraire.
Toujours est-il que ses créations ont fait l'objet de magnifiques adaptations cinématographiques par James Ivory.
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Créée
le 14 avr. 2016
Critique lue 522 fois
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