Un de mes critères pour noter un film c'est l'ennui. Si je me suis ennuyée, le film perd cinq étoiles direct, comme ça! Et c'est un peu ce qui est arrivé avec A.I.
Alors je vais d'abord dire tout le mal que je pense de ce film pour ensuite (tenter de) le rattraper...
La première partie m'a parue plaisante bien que huilée à la sauce américaine : l'aréopage de "scientifiques" auxquels on ne croit pas vraiment qui se posent des questions éthiques, la famille larmoyante, l'enfant robot qui veut absolument se faire aimer (bonjour le complexe de l'abandon...) rejeté par l'enfant humain qui est une véritable enflure (on l'aurait parié) . Rien de moins manichéen...et artificiel.
La deuxième partie m'a remplie d'un ennui terriblement dérangeant si bien que je suis même allée éplucher un...navet (un vrai) pour faire une soupe.
Spielberg a tenté d'ajouter à ce film de S-F une forme d'onirisme merveilleux, malheureusement tout s'est transformé en mièvrerie mignonnesque pleine de bons sentiments américains, et ça aussi, ça m'a fatiguée.
Vous allez me dire qu'après avoir dit tout cela je n'aurais rien pour récupérer le film. Et au fond de l'eau avec l'aide d'une fée bleue ça marche? NON!!! Surtout pas la fée bleue, c'est trop faible...
Le personnage de David est touchant, ce petit robot humanoïde nous enseigne beaucoup sur la nature humaine. Son regard sur un monde aberrant m'a vraiment troublée parce que je suis sûre que chacun d'entre-nous pensons, parfois, comme lui : "Mais pourquoi les humains font-ils cela? Pourquoi sont-ils aussi mauvais et pervertis?" Là est, selon moi, la vraie portée du film. C'est un petit observateur, naïf et innocent, et ça j'ai vraiment aimé.
Le portrait brossé de l'être humain est vraiment répugnant : cupidité, avidité, désir physique abusif soulagé par des "play-robots", manipulation scientifique....et doit nous amener à réfléchir sur nos comportements.
Comportements qui ne sont d'ailleurs pas unilatéraux et le film finit par sortir d'une simple considération binaire qui cloisonne bêtement le bien et le mal. Les Meccha, les robots, paraissent parfois plus humanistes et dotés de sentiments plus forts que les orgueilleux humains eux-mêmes qui ne veulent surtout pas qu'on les reproduise, qu'on les imite, encore moins lorsqu'il s'agit de leurs émotions. Un instant je fus presque tentée de ne plus différencier les cyborgs de chair des humains "mécaniques" triomphateurs aveuglés par leurs désirs... tant je me suis sentie plus proche de l'intelligence artificielle.
Cela voudrait-il dire que l'Homme, avec l'intelligence dont il dispose, est incapable de créer un monde meilleur, humain, gentil et tout simplement heureux? Pas nécessaire d'aller chercher bien loin la réponse...
Je crois sincèrement que si l'on regarde ce film avec des lunettes métaphoriques on y trouve un beau message, et c'est ce que j'ai retenu pour mes cinq étoiles...