Bêtabloquants et viagra
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le 17 déc. 2016
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Difficile pour moi d'entamer la rédaction de ma chronique de Avenue des mystères, le nouveau roman de John Irving. Difficile car je porte cet auteur aux nues depuis notre rencontre au mitan des années 2000 lorsque je me suis retrouvé, je ne sais plus par quel heureux concours de circonstances, à lire – et adorer – Une veuve de papier et que, pour la première fois depuis, je me trouve circonspect au moment de refermer l'un de ses livres. Non pas que cette nouvelle publication soit mauvaise, loin de là, disons simplement qu'elle n'est pas au niveau de ce à quoi le volubile romancier m'avait habitué jusqu'alors.
Pourtant l'on trouve au détour de cette avenue des mystères tous les ingrédients qui ont fait, et font toujours, le succès et la renommée de John Irving – à savoir des personnages bigarrés et truculents évoluant dans un univers où la bienséance n'a pas droit de cité, un récit fleuve contant la vie du personnage principal (Juan Diego Guerrero, enfant mexicain défavorisé et infirme qui émigrera aux États-Unis, après quelques temps passé dans un cirque à la mort de sa mère, pour y devenir un écrivain à succès) sur une longue période, la résurgence de plusieurs de ses thèmes de prédilections et, bien sûr, une plume affûtée et un récit ciselé. Mais l'auteur a procédé à quelques menus changements dans ses habitudes, et je pense que c'est surtout cela qui m'a déstabilisé, moi qui m'attendais – et avais envie – à du Irving classique.
Tout d'abord, la narration non-linéaire m'a dérangée. Si l'utilisation des flashbacks et des flashforwards n'est pas quelque chose de nouveau dans l’œuvre de John Irving, je trouve que dans ce roman son utilisation est un tantinet excessive, Juan Diego Guerrero replongeant dans son enfance sous forme de rêves à chaque fois qu'il tombe dans les bras de Morphée, ce qui arrive très fréquemment. De plus, j'aurais aimé en savoir plus sur la vie de Juan Diego Guerrero, l'auteur se focalisant uniquement sur deux périodes de sa vie, contrairement à son habitude.
En conclusion, je dirais que Avenue des mystères est un très bon roman, mais simplement un John Irving honnête, sans plus, l'auteur ayant placé la barre tellement haute avec la plupart de ses précédentes œuvres.
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Créée
le 26 mai 2016
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