Deux londoniennes, se rencontrant dans un autobus bondé affrontant la pluie, décident sur un coup de tête de partir en vacances dans le château italien de San Salvatore, déniché dans les petites annonces. Souhaitant limiter leurs dépenses, elles cherchent deux autres compères pour les accompagner, qu'elles finissent par trouver par petites annonces, également. Ainsi les quatre femmes que tout oppose - Mrs Arbuthnot, pieuse bonne soeur qui s'interdit tout plaisir dans sa vie, et notamment des vacances ; Mrs Wilkins, jeune femme enjouée, intrépide voire insolente qui veut de l'aventure dans sa vie ; Mrs Fischer, vieille aristocrate, acariâtre et intraitable sur les questions de bonnes moeurs ; Lady Caroline, de filiation noble, dont la beauté fait tourner les têtes des hommes les plus respectables, à la recherche d'isolement et de tranquillité - se retrouvent pendant un mois à partager leur quotidien dans un cadre idyllique et doucement poétique.
Le séjour sera l'occasion de nombreux échanges, de stratégies d'évitement et de rapprochement, de conflits inter-générationnels et d'éducation, de bonnes moeurs... Les dialogue sont crus et font sourire le lecteur qui s'amuse de voir ces dames d'un autre siècle s'enquérir de choses futiles (la privatisation de parties du château, le comportement à table, le coût des denrées, l'intendance de la vie au château...). L'indécence de certaines pensées et dialogues (rôle social des femmes, règles de galanterie, crêpage de chignons à n'en plus finir...) font parfois un peu tiquer, mais l'époque nous le pardonne.
Le sourire devient plus complaisant dès lors qu'on perçoit le cheminement intérieur de chacune de ces dames, faisant de ce séjour une sorte de retraite spirituelle, qui permet un rapprochement inespéré entre ces dames et les autres visiteurs des lieux. Le déroulé du roman, quelque peu longuet sur la fin, se termine sur une note enthousiaste (alors même qu'un terrible non-dit aurait pu briser l'auréole protectrice des lieux...) avec le renouveau de l'amour, de la bienveillance et de la sincérité des sentiments.
On rejoint alors l'opinion de Mrs Wilkins : "San Salvatore est un pur enchantement". Et pour le lecteur aussi, qui se demande bien quel château a inspiré l'auteur pour son San Salvatore pour ce très agréable roman, dont il faut souligner la beauté et la fluidité de l'écriture... !