Voici un très joli roman jeunesse.
Le récit suit la vie d'Iris, jeune fille sourde de naissance, qui a du mal à s'intégrer dans son école car trop isolée par sa surdité. On pourrait s'attendre à un énième récit sur la différence et son acceptation, comme la littérature sait si bien les faire, mais on est là face à un roman différent. Déjà parce qu'Iris n'est pas dans cette logique : elle n'a pas à "accepter" son handicap, car il est constitutif de qui elle est, et ça elle le sait.
Au contraire, le récit mais beaucoup plus l'accent sur l'acceptation de son handicap par les autres, ceux qui l'entourent et qui, souvent sans s'en rendre compte, la traite comme une alien ou une chose fragile à materner.
Mais le vrai plus de ce roman, c'est le contrepied par lequel il surprend son lecteur. Car Iris va se découvrir une passion qui va tout changer. Enfin, une deuxième passion, car Iris est déjà une dingue d'électronique et de radios. Elle en achète, répare, collectionne, et n'est jamais aussi heureuse et apaisée que quand elle ressent les vibrations d'un poste radio revenu à la vie.
Sa deuxième passion, elle va la découvrir en cours de science, quand sa professeure va parler en classe d'une baleine particulière : Blue 55. Cette baleine est la seule de son genre, née de l'union d'une baleine bleue et d'une baleine grise, elle émet des sons à 55 hertz (d'où son nom), mais étant la seule à utiliser cette fréquence, les autres baleines ne la comprennent pas et la rejette.
Entrant en empathie avec cette baleine isolée par sa différence, Iris va se mettre en tête de créer un morceau de musique à la bonne fréquence pour le partager avec Blue et lui faire savoir qu'ielle n'est pas seule (je ne me souviens plus si Blue est un ou une baleine, si tant est que cela ait la moindre importance).
Je ne vais pas entrer dans le détail, mais Lynne Kelly réussit là un très beau roman. Très contemplatif, très émouvant, et qui sort des sentiers battus. On y parle certes de différences, mais pas que. Le récit ne parle pas de surdité, mais met en scène des personnages sourds, et c'est très différent.
Ce qui fait que les thèmes qui ressortent au final sont plutôt l'acceptation du deuil, la poursuite de ses rêves, l'importance de ses proches et de se sentir entouré, que le handicap.
C'est malin, c'est touchant, et ça m'a fait plaisir.
PS : ah oui, et l'histoire de Blue 55 n'est qu'à moitié fictionnelle : la vraie baleine solitaire se nomme 52 Hertz