Petites joies et grandes souffrances dans les campagnes maoïstes.

J'ai lu la quasi-totalité de ce livre d'une traite pendant un covoiturage entre Rennes et Paris et c'est très rare que je lise un livre en une seule journée.

Ce roman m'a totalement happé. Ce qui est intéressant, c'est la façon dont le roman arrive à traiter de façon badine en arrière plan de questions vraiment graves : la vie dans les campagnes chinoises dans les années 1970 de Mao et la façon dont sont traités les "opposants politiques" ou ceux qui ont le malheur de faire partie de leur famille. Pourtant, malgré quelques passages durs (la mine, les poux, l'arrivée dans les champs) j'ai souri la plupart du temps. Il y a dans les deux personnages des deux jeunes ado/adulte au centre du roman une telle envie de ne pas se résigner à leur sort, à vouloir se battre et vivre leur jeunesse qu'elle en devient communicative. Surtout quand celle-ci passe par des farces dû à leur qualité de jeunes citadins modernes renvoyés dans une campagne quasi moyen-âgeuse, où le simple privilège d'avoir un réveil ou d'aller au cinéma semble immense. Cet impression d'univers décalé est renforcé par de nombreux personnages hauts en couleurs : le meunier alcoolique, le tailleur vivant comme une star de la campagne, le chef du village (vieux butor tyrannique...)

Et il y a évidemment un amour de la littérature qui se transmet dans ce roman dans sa trame principale, autour de la lecture et de la découverte d'auteurs européens, et le côté "sacré" en tant que loisir interdit de la chose. Le fait que l'auteur soit devenu français dans les années 80 n'est pas pour rien dans la sur-abondance d'auteurs français dans la liste. C'est néanmoins un parallèle assez génial qui se crée pour qui connait un peu les auteurs que le livre mentionne.

Bref, j'avais entendu du bien de ce roman, son acquisition (pour un euro chez un bouquiniste) fut un bon achat.

PS : Un soir, en regardant la couverture, j'ai pensé à une parodie porno nommé "Balzac et la petite tailleuse de pipe chinoise" dans lequel l'auteur d'Eugénie Grandet se retrouve dans une maison close tenue par une maquerelle asiatique..... Désolé !