Il y a un hic à tout (ou presque), j'ai été déçue de la fin. Pour moi, ça n'aurait pas dû s'arrêter là. J'ai plus ressenti le livre du côté du narrateur et de Luo que de la Petite Tailleuse. C'est malgré tout sur une phrase cliché que s'arrête l'histoire : "(...) la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix." Bon, une phrase sur l'influence déterminante des livres dans notre existence, ou encore sur l'espoir, passe encore. Mais sur la femme ? Etant moi-même une femme, je n'ai pas ressenti ce livre du côté féminin. Peut-être aurais-je dû ? Cette conclusion tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe.

Cela dit, j'ai vraiment apprécié le style de l'auteur. Beau sans être complexe, riche en métaphore et en accumulations qui tombent à pic, on a l'impression d'assister en direct aux scènes, comme au cinéma, si ce n'est comme dans la réalité des personnages. Avec Dai Sijie, on ne lit pas simplement l'histoire, on la ressent, on l'adule, on l'abhorre et on la repousse, mais bon sang qu'est-ce que c'est bon de sentir la vie dans les mots.

"Je me suis fourré une idée dans la tête : j'ai l'impression que je vais mourir dans cette mine."
Phrase choc. C'est pourtant l'affreuse vérité : l'enfer du travail dans les montagnes de rééducation" amène les deux jeunes hommes, fils d' "ennemis du peuple", à l'incertitude d'une quelconque échappatoire. Entre les scènes humiliantes, violentes ou la sensation désagréable que procurent des multiples descriptions de la mauvaise hygiène de vie du narrateur (et de son acolyte Luo), on trouve des instants d'une rare beauté :

"Dans notre paradis aquatique, une sorte de baie complètement isolée, à l'eau très profonde, chaque fois qu'elle grimpe en faut d'un pic vertigineux pour sauter, je reste en bas et je la regarde en contre-plongée presque verticale, mais ma tête tourne, et mes yeux confondent le pic avec les grands ginkgos qui se découpent derrière, en ombre chinoise. Elle devient toute petite, comme un fruit accroché au sommet d'un arbre. Elle me crie des choses, mais c'est un fruit qui bruisse. Un bruit lointain, à peine perceptible, à cause de l'eau cascadant sur les pierres. Soudain, le fruit tombe en flottant dans l'air, vole à travers le vent, dans ma direction. A la fin, il devient une flèche purpurine, fuselée, qui pique la tête dans l'eau, sans grand bruit, ni éclaboussure."

Cette description tout particulièrement, reflète bien la poésie du livre. Après avoir lu ce passage, j'ai moi-même fermé les yeux, m'imaginant me jeter à l'aveugle d'une falaise, n'entendant que le bruit de l'eau et tapant la discute avec des oiseaux au passage (juste comme ça).

J'aurais aimé en dire tellement plus, mais il est tard et je suis fatiguée, et puis après tout, c'est ma première critique.
Dorine
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le 3 août 2011

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