Balzac et la petite tailleuse chinoise par François CONSTANT

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise" (ED.: Folio, n° 3565) de Dai SIJIE est un livre qui m'a fait du bien!


Étudiant, fin des études secondaires dans le début des années 70, j'ai lu, sous l'impulsion de mon professeur de français, le "petit livre rouge" de Mao! Une découverte pour "l'aduslescent" que j'étais, sans le savoir (le mot n'existait pas encore!). Quelles libertés s'offraient au peuple! Quel souffle puissant sur la poussiéreuse bourgeoisie que je croyais être au pouvoir de mon petit monde intellectuel belge!... Quelques 45 ans plus tard, ouvrir un livre, m'ouvrir à la réalité des camps de rééducation des intellectuels sous la période de Mao m'a fait du bien!


On entre dans ce premier roman de Dai SIJIE, auteur français d'origine chinoise, avec une soif de goûter à cette poésie de l'écriture tout autant qu'avec celle d'apprendre les conditions de cette 'révolution culturelle maoïste" qui a été magnifiée alors qu'elle a généré des milliers et des milliers de victimes! Sous MAO, être cultivé ou apparenté à une famille cultivée était une tare à 'rééduquer' de force, sans complaisance, sans pitié et avec la complaisance de 'serviteurs du peuple' recrutés de manière populiste comme c'est encore, malheureusement, si souvent le cas un peu partout dans notre monde !. La condamnation de tout passé culturel, de tout savoir et de toute maîtrise intellectuelle, engendrant des camps, dits de rééducation, dans les campagnes et montagnes chinoises est une horreur humanitaire et une négation de l'Histoire et de le Culture aussi injuste et inacceptable que les destructions actuelles des cités patrimoines de l'humanité par les djihadiste de l'état islamique...
Et, dans ce cruel récit, historiquement inspiré par la triste réalité, Dai SIJIE nous entraîne dans une histoire de deux jeunes adolescents qui, l'amour naissant, dépassent leur condition infrahumaine de rééduqués pour se donner la mission de transformer la petite tailleuse chinoise à coup de pages de Balzac! Quel beau programme! Quel beau combat que celui de faire exister le livre là où il est proscrit! Quel magnifique combat que celui d'une pensée qui peut se montrer plus forte que les humiliations que la vie impose!


Plusieurs lecteurs semblent avoir regretté la fin du livre. Reprochant à l'auteur de changer de point de vue. Ils regrettent que ce soit la petite tailleuse, personnage somme toute, a priori secondaire, et non les adolescent qui aient le dernier mot! Et si, justement, c’était là un des messages que veut nous faire passer Dai SIJIE? Quand vous libérez, par l'éducation, une personne, elle ne vous est redevable d'aucune servilité. Vous l'avez libérée pour qu'elle puisse être elle-même et non le rêve qui vous habitait... Parents, éducateurs, enseignants,... nous pouvons tous méditer sur ce cadeau qu'il nous est donné de faire à ceux que nous prenons en charge. Les avoir au cœur, les accompagner pour un bout de chemin ... et leur permettre de devenir eux-mêmes!

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le 25 août 2015

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