Dans tous les sens
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Je pense montrer moins d’entêtement dans mes lectures que dans la vie, mais être aussi un lecteur contrariant. Or, lire un texte comme Bar Nicanor me contrarie. Le livre ne m’a pas plu. Mais je sais que Pansaers, à l’instar des autres auteurs attachés à ce qu’on appelle par commodité Dada, ne cherche pas à plaire. Alors je ne veux pas rentrer dans le jeu de quelqu’un qui ne veut pas me plaire. (Oui, je parle de l’auteur comme s’il était face à moi. C’est un des plaisirs de la littérature.) Et comme lecteur, je m’efforce de porter un regard sur le texte, plutôt que sur ce qui l’entoure – auteur, époque, « courant », qualité de la reliure, etc. (Se contredire est un autre plaisir de la littérature.) Et quel regard porter sur un livre dont le passage le plus cohérent est celui-ci : « Couillandouille – cette nuit – après de gaies contractions du grand risorius arrivé au poteau de conviction question de jalousie pure sans incubation de lyrisme préalable comme d’usage se rua sur Crotte de Bique et désira ardemment l’étrangler purement mais aussitôt il expérimenta que sa conviction n’était qu’une erreur de sécante sur l’irréel et que la réalité de Crotte de Bique était aux antipodes de la sienne sur quoi il lacha [sic] prise / Crotte de Bique s’en tira d’un œil poché à la violette » (p. 34 en réédition Allia) ? Je n’ai pas compris grand-chose à Bar Nicanor. Soit cela provient du fait que je ne serais pas assez bon lecteur, et je refuse de faire à Pansaers le plaisir de se sentir supérieur à moi. Soit cela vient du texte, dans lequel il n’y aurait par nature pas grand-chose à comprendre, et j’en veux à Pansaers de ne pas permettre au lecteur le plaisir élémentaire de comprendre. D’autant qu’au contraire de ce que j’ai éprouvé grâce à des livres que je tiens désormais pour des chefs-d’œuvre, je n’ai pris aucun plaisir à ne pas comprendre grand-chose. On aura remarqué, j’espère, que je ne reproche pas à cette quarantaine de pages de ne pas proposer de récit suivi, de s’appuyer sur une typographie non académique ou d’être difficiles à lire.
Créée
le 1 févr. 2019
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