D'abord un petit aparté à partager.
Deux de mes compagnons proches et de longue date s'en sont allés à quelques jours d'intervalle.
Paul Auster qui m'a ouvert l'univers de la littérature américaine et Bernard
Pivot sans qui et là c'est une certitude je ne serais pas devenue amoureuse de la lecture et libraire.
"Baumgartner" est, on le sait aujourd'hui, le dernier livre de Paul Auster, un roman tendre, sensible, humain, délicat et généreux.
Comme toujours dans l'oeuvre de ce grand écrivain au style unique, une grande part est autobiographique et se situe dans un cadre particulier,
New-York, Brooklyn dans les années 50-60-70, et plus dans ce livre.
Paul Auster, un enfant issu de parents juifs immigrés d'Europe de l'est.
Son personnage principal lui ressemble comme un double littéraire.
Ici, Sy Baumgartner est septuagénaire, prof et écrivain.
L'activité principale de ce personnage comme tout homme de son âge, se souvenir des moments qui ont construits sa vie intellectuelle et amoureuse.
Apparait alors sa femme, Anna, sa moitié, un amour de quarante ans décédée bien trop tôt.
Je préfère ne pas trop en dire, de nombreuses critiques bien formulées ont déjà relaté le destin de cet homme.
Paul Auster termine et peaufine ce roman, atteint d'un cancer et peut-être condamné.
Je préfère prendre des chemins de traverse.
En fouillant les archives télévisuelles, j'ai découvert que mes deux compagnons de route s'étaient rencontrés en 1987.
Bernard Pivot interviewe Paul Auster pour son livre "Cité de verre", premier tome de sa trilogie New-Yorkaise, l'entretien se déroule en français, langue bien connue de l'auteur américain ( un long séjour de 4 ans à Paris dans les années 70).
Déjà une clairvoyance , une finesse, une acuité, une pertinence.
Je retiens au delà de son immense talent d'écriture, son charisme, sa lucidité.
Ses thèmes, les hasards de l'existence, les coïncidences, les rebondissements, les choses non prévues qu'on ne peut contrôler, ça s'appelle la vie de tout en chacun.
Un dilemme entre volonté et destin.
Un style rythmique comme en musique, un art qu'il aurait bien voulu aborder.
Son sens des mots comme une vibration qu'il espère réciproque chez ses lecteurs.
Il disait : "c'est dur d'écrire mais c'est pire de ne pas le faire".
Pour lui une nécessité, sans l'écriture, pas de vies à raconter, elles s'évaporent.
Il disait aussi : "la mort n'a aucune imagination", il l'a prouvé de son vivant et pour la postérité, en écrivant et en racontant des histoires et en changeant la manière de regarder les gens.
Merci.