Ça faisait longtemps que j'avais pas pris autant de plaisir à lire un livre d'actu. Le dernier à m'avoir fait cet effet là est La Dame des 35 heures, une jolie bio au vitriol de Martine Aubry par Philippe Alexandre et Béatrix de l'Aulnoit.

Belle-Amie est un gentil brûlot écrit, dit-on, en service commandé. Bon, si je ne l'avais pas reçu en service de presse, je me serai contenté des bonnes feuilles parues dans le Nouvel Obs. J'aurais eu tort.

Passons sur ce qui est présenté comme LA révélation du bouquin : l'éclosion d'une nouvelle piste pour la paternité de Zohra, celle du procureur général du Qatar. Les auteurs ont poussé l'info révélée par Le Point en fin d'année dernière. Rachida Dati entretient une relation étrange avec le micro Etat du Golfe. Selon Darmon et Derai, Rachida aurait succombé aux charmes d'un certain Ali Al Marri, un type de son âge, qui serait le papa de Zohra. Pour appuyer leur thèse, les deux journalistes évoquent les trois voyages mensuels de Dati au Qatar les premiers mois de sa grossesse, puis les régulières venues à Paris d'Al Marri à partir du moment où Rachida n'a plus pu prendre l'avion. Selon eux, Al Marri aurait aussi offert des bagues d'une valeur de plusieurs milliers d'euros à la jeune maman. Cela en fait-il pour autant le papa ?

L'identité du père ? Ce n'est pas le plus intéressant. Non. Le mieux, c'est le récit de l'ascension de cette Belle-Amie sous les ors de la République. Ses tactiques, ses réseaux, ses coups tordus, ses cadavres qui s'entassent dans ses placards. Rachida Dati n'est pas la Cosette que l'on imagine (ou qu'elle veut que l'on imagine). En vrai, Rachida, c'est le croisement de Wilhelmina Slater et de Jill Abbott. Une arriviste capable d'écrire des dizaines de lettres aux puissants à base de « J'adore ce que vous faites, je rêve de travailler avec vous » pour s'attirer leurs faveurs. Taillable et corvéable à merci pour ceux qui peuvent lui être utiles, tant qu'ils peuvent lui être utiles, les délaissant en un claquement de doigts dès qu'ils ne sont plus assez intéressants pour assouvir sa soif de pouvoir et de notoriété. Une manipulatrice qui vampirise le talent des autres pour se mettre en avant.

Le livre regorge d'anecdotes délicieuses qui n'appellent qu'un jugement : « Quelle garce ! » Mais une garce géniale et magnifique. Qui parvient à se faire une place auprès de Nicolas Sarkozy puis de Cécilia, qu'elle manipulera lors de sa première love story avec Attias pour se faire un trou au gouvernement (où elle épuisera une armée de collaborateurs). Jusqu'à l'arrivée de Carla Bruni dans la vie de Sarko, qui précipitera sa chute.
Christophe
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le 26 sept. 2010

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