En France, quand on parle de politique sécuritaire et de laboratoire pour l’expérimenter, la banlieue Nord de Paris sort souvent du chapeau du ministre. Il suffit d’observer l’actualité et la surmédiatisation du nouveau préfet de Seine Saint Denis pour en avoir la preuve quasi irréfutable. A problèmes d’exception, moyens et méthodes d’exception ? C’est la question que pose Dominique Manotti dans "bien connu des services de police", son nouveau roman paru à La Série Noire chez gallimard.
Le premier jour de travail est toujours particulier, a fortiori pour les agents Doche et Lefevre arrivant sur le seuil du commissariat avec collée sur le front l’étiquette bleu en plein milieu. A la tête de la boutique le commissaire Le Muir, une ambitieuse fonctionnaire de police qui mène une politique de maintien de l’ordre très dure sur son quartier. Cette politique trouve les grâces de la Place Bauvau et il ne faudrait pas que ses rouages se grippent. Pourtant, il semblerait que ses directives de fermeté aient été pris trop au pied de la lettre notamment par la brigade anti criminalité. Ils ont une interprétation très large du règlement et de leur périmètre d’intervention. Ces agissements mettent la puce à l’oreille de Noria Ghozali, commandant aux renseignements généraux qui flairentla collusion entre flic et voyou dans ce commissariat, très bons dans les résultats certes mais à quel prix ?
Dominique Manotti a la plume acérée, franche du collier, directe. Elle s’était attaquée aux baronnies locales avec Lorraine Connection qui parlait des connexions frauduleuses entre économie et pouvoir. On la retrouve ici dans un autre environnement, une autre région mais avec toujours le même plaisir de lecture. Dans un contexte de course à la performance policière, l’auteur montre bien comment les circulaires d’un ministère peuvent provoquer un déni de services au mieux, des bavures policières parfois. Voilà un excellent roman qui vous fera craindre la garde à vue, bien connue comme sévice de la police.