L'œuvre de Kerouac est autobiographique, ce roman est la suite de son livre le plus connu Sur la Route un road trip très Sex Drugs and Rock'n Roll. Fatigué de cette débauche, celui qu'on appelle le Roi des Beatniks, a besoin de se mettre au vert. Entre les hordes d'admirateurs, qui ne se rendent pas compte qu'il a vieilli et les affres de l'alcool, il ne sait plus où donner de la tête. Jack Duluoz (ou Ti jean) cherche conseil auprès de ses amis, un certain Monsanto lui conseille de fuir San Francisco et d'aller se réfugier dans sa cabane en bois au bord de la mer, à Big Sur. Notre héros y voit là une occasion idyllique de renouer avec la nature et de retrouver un bon karma, les principes premiers des beatniks. Il voyage tranquillement à bord d'un train trascontinental, délaissant le stop qui était jadis son moyen de transport favori, puis quelques miles en car, il décide de faire les derniers kilomètres à pied. Cependant le paysage est beaucoup plus hostile qu'il ne se l'était imaginé, très vite, il abandonne et décide d'appeler un taxi, la côte paradisiaque s'est transformée en grève fantomatique où les éléments déchaînés semblent lui crier de déguerpir au plus vite. Duluoz n'a qu'une envie, retourner à San Francisco prendre une bonne cuite avec ses amis, mais il tient bon, demain il fera jour. Ce n'est guère mieux à son réveil, il s'est habitué au confort citadin, et la seule présence d'un vieux baudet ne le réconforte guère, il s'acharne à retrouver goût aux choses simples, mais en vain. Malgré quelques soubresauts de bonheur, dont l'écriture d'un poème où il traduit le langage de la mer, il finira par décider de fuir retrouver ses amis de la grande ville, pour les persuader de se joindre à lui dans cette étrange aventure loin du monde civilisé.
J'avais entendu parler de Kerouac en bien, j'étais partie pour emprunter Sur la route mais il n'était pas disponible, on m'a donc conseillé ce roman-ci. J'avoue que j'ai été plutôt déçue par rapport aux échos que j'en avais eus, j'imagine en quoi cet auteur à dû être un modèle pour toute la génération des sixties, tout du moins d'après ce qu'il en dit. Le style est limpide et l'on sent que l'auteur est un homme sensible et cultivé, j'ai tout simplement adoré ses joutes oratoires avec son ami Arthur, et le poème maritime est lui aussi excellent. L'analyse de sa dégringolade dans la folie est bien amenée, pas trop développée. Cependant, ce livre ne m'a pas touchée. J'ignore si c'est la manière dont ils sont traités, ou les sujets en eux-mêmes, mais l'amitié masculine ou la philosophie zen, ça me passe au-dessus. J'ai eu l'impression de lire un livre écrit par un grand enfant, d'autant plus qu'il fantasme souvent quand il s'ennuie et embellit les situations, rêvant, par exemple, d'être le chef guérillero de sa bande d'amis au milieu d'une jungle hostile. Même sa fascination pour la mort n'a pas la profondeur que j'attendrais dans un roman, je la trouve superficielle, survolée, je n'ai pas réussi à me sentir concernée par ce livre. Les rapports amoureux me sont d'autant plus incompréhensibles que femmes et maîtresses passent de mains en mains sans qu'il y ait quasiment aucune gêne, parfois quelques jalousies, mais heureusement le karma résout tout. Peut-être n'ai-je pas connu cette époque et ceci explique l'énigme que ce roman représente pour moi. Je lirai toutefois Sur la route à l'occasion pour me faire une meilleure idée de cet auteur qui me semble avoir des qualités certaines.