LSDC retrace habilement la naissance du Black Metal et son émergence, du mythe Rock n' Roll Venom jusqu'à la création véritable du genre instauré par de jeunes Norvégiens.
Le démystification est de taille et très intéressante globalement ; Pourquoi toutes ces églises brulées ? Pourquoi ces meurtres et ces emprisonnements en nombre ?
Que s'est il passé entre la fin des 80's et le début des 90's pour que le genre le plus extrême, sombre et élitiste du metal prenne vie et plus particulièrement en Norvège ? Quel rapport avec le satanisme, le paganisme, le nationalisme et le nazisme ?
A travers différents témoignages, analyses et interviews de spécialistes, musiciens internes ou externes de la scène, LSDC tente une approche sociologique du phénomène en se retenant systématiquement d'évoquer un jugement péjoratif.
Un véritable reportage écrit en somme, une lecture rythmée, prenante et bien illustrée, qui décrypte et retrace surtout la scène Norvégienne, du meurtre d'Euronymous, créateur du genre avec Mayhem, à Varg Vikernes et ses actes criminels, véritable star du milieu avec son one man band cultissime Burzum.
J'ai trouvé intéressant de voir que le Black Metal ait plus ou moins les mêmes origines que le Punk ; un climat social et religieux étouffant, une jeunesse en déroute, la découverte d'un groupe pris au sérieux alors qu'il ne l'est pas : Venom.
Comme avec les Sex Pistols en Angleterre j'ai envie de dire, le même schéma.
Sauf que le Black Metal est allé bien plus loin (et le mot est faible) qu'une simple rébellion, et c'est cela qui est, en grande partie, intéressant à découvrir.
LSDC est plus qu'un livre "pour les fans", c'est une chronique complète doublée d'une mise au point accessible à tous.
Ce que je trouve dommage avec ce livre, c'est qu'il se répète un peu trop par moment. Beaucoup trop de redondances qui donnent l'impression que certains passages n'ont pas été retravaillés pour l'impression finale. Bien heureusement, la traduction est de bonne facture..
De plus, même s'il est très intéressant de voir comment est né Absurd et tout ce qui a pu se passer en Allemagne à cette époque, je regrette qu'un groupe comme Sigh (pourtant signé chez Deathlike Silence, le label d'Euronymous), d'origine japonaise, soit juste cité. Idem pour Graveland et j'en passe.
J'aurais également souhaité avoir l'opinion d'Abbath sur tout ça, vu qu'il a énormément participé à la création du genre. Refus de témoigner peut être ?
Et Sabbat dans tout ça ?
Et que dire de la France où Les Légions Noires ont véritablement participé au mythe : ce groupuscule n'est même pas cité, à la place on a des explications sur le fait que tel ou tel type a profané tel cimetière... Faire l'inventaire des actes criminels en Europe ou aux US n'avait pour moi aucun intérêt, d'autres sujets intéressants auraient été préférables sur le mouvement.
Le Black Metal reste un genre musical, un courant culturel qui ne mourra sans doute jamais.
A force, j'attendais presque un passage sur Marilyn Manson et ses soi-disant effets néfastes sur les jeunes, ou même deux pages concernant la chanson Night Crawler des Judas Priest...
Bref j'ai trouvé ça gonflant et limite "bien-pensant" avec du dramatique inutile.
Mais globalement LSDC est une œuvre "extrêmement" complète à lire pour tout amateur de Black Metal, voire même pour les autres.
On entend trop de conneries sur cette scène et son histoire depuis presque 20 ans.
Michael Moynihan et Didrik Søderlind ont donc le mérite de remettre les pendules à l'heure grâce à ce livre, tout en nous apprenant pas mal de détails sur les événements liés aux acteurs d'un genre musical qui n'a aucune raison de faire peur au fond, mais qui continue de le faire, même aujourd'hui.
Une belle citation pour finir, pour montrer que le livre ne met pas d'impasses sur les bêtises (drôles à lire) de certains musiciens Black Metal :
"Regardez le ciel, il est bleu, la mer est bleue, les fleurs sont bleues et mes yeux sont bleus. Au delà du ciel il y a les étoiles, c'est la sagesse éternelle (...) Tout commence par les yeux bleus. Si je regarde des personnes aux yeux marrons, c'est un peu comme si je regardais leur cul ; le marron c'est la couleur de la merde" ©Varg Vikernes
PS : Comme l'explique rapidement la critique négative en face (merci à lui), il y aurait énormément de propos faux ou hors contexte. Varg Vikernes l'explique sur son site : http://www.burzum.org/eng/library/lords_of_chaos_review.shtml
Personnellement je veux bien le croire, mais j'ai toujours du recul lorsqu'il s'agit d'affirmer ce qui est juste ou faux lorsque les "deux camps" ont des arguments crédibles.
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