Après être passée à côté de son célèbre "Simetierre" et de "Docteur Sleep", j'avais promis au King que je lui redonnerais un jour une chance de me séduire, mais pas dans le genre épouvante. Avec "Blaze", d'abord publié sous le pseudonyme de Richard Bachman, l'écrivain du Maine a rempli sa mission et me réconcilie avec sa plume.
Pourtant, on aurait tout à craindre d'un thriller introduit par un avant-propos de l'auteur qui qualifie lui-même son roman de "fond de tiroir" ; à ces mots, mes craintes ont resurgi mais étant donné que pour une fois le roman de Stephen King que je tenais dans les mains n'était pas une brique, je me suis dit que si ennui et désintérêt devaient surgir, ma peine serait de courte durée.
Et c'est peut-être ce qui m'a d'ailleurs le plus séduite avec "Blaze", le rythme. Enlevé avec ce qu'il faut d'action, cadencé grâce à des chapitres courts et à une narration en deux dimensions temporelles, le rythme rapide et équilibré fait de "Blaze" un page-turner efficace.
Peu de personnages, une atmosphère de huis-clos en pleine tempête de neige, un personnage principal doux-dingue à la cervelle éméchée qui n'est pas sans rappeler "La ligne verte" ou encore, vingt niveaux au-dessus, "Des souris et des hommes" de Steinbeck, une intrigue simple autour d'un rapt de nourrisson, l'ensemble sauvegardé de tout renfort technologique puisque le roman a été écrit en 1973, tout ça contribue à faire de "Blaze" un très plaisant moment de suspense, pareil à un bon vieux film du genre.