Pour quelques coups de dents de plus...

Adoptant à la fois les genres de l'uchronie, du western et de l'urban fantasy, Bloodsilver est un roman assez étonnant et, il faut le dire, plus qu'amusant. À travers une série de chapitres-nouvelles indépendants mais liés par quelques personnages récurrents, il déroule l'histoire des États-Unis en modifiant, à la base, un petit élément : en plus de ceux des colons, un autre bateau est arrivé sur la côte Est fin XVIIe, et à son bord, les vampires, fuyant eux aussi l'Europe.


Avançant inlassablement à travers le territoire américain et ses multiples évolutions, ceux qu'on appelle la Famille tracent leur route vers l'Ouest, prélevant au besoin leur crédit de sang sur les populations locales. Très vite, la Confrérie est créée pour contrer le funeste Convoi, et rassemble les meilleurs combattants du pays, qui se font chasseurs de vampires. Ces derniers, malgré leurs grands pouvoirs, deviennent une ethnie rejetée au même rang que les Noirs ou les Indiens, et la question se pose aussi de leur possible intégration.


Bloodsilver est découpé en une douzaine de chapitres qui suivent la chronologie de l'histoire américaine, du moins celle de cette réalité vampirique. On y croise un grand nombre de personnages marquants pour le pays, Billy the Kid, Calamity Jane, les frères Dalton, Doc Holliday, Theodore Roosevelt ou Mark Twain, dont la vie est parfaitement réadaptée pour coller à l'uchronie. On peut regretter que, l'intervalle temporel étant si large - de 1691 à 1917 - on ne puisse s'attarder vraiment longtemps sur aucun d'entre eux. En revanche, l'action ne manque pas et le style est souvent très visuel, nous faisant pratiquement vivre des scènes des westerns de meilleure facture : entre attaques de banques, règlements de comptes et autres vengeances ensanglantées, la violence est de toute évidence bien présente.


C'est un grand plaisir de lire un western avec une idée aussi originale et, en plus, l'utilisation de tant de figures historiques, et sa structure un peu trop éclatée permet au moins de s'attacher vraiment aux morceaux de vie de chacun des protagonistes, marqués toujours par la misère, la folie, l'échec ou la fatalité, mais qui toujours se battent jusqu'au bout pour continuer à avancer.

Florentin
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le 26 avr. 2015

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