Le titre de ma critique résume bien mon principal grief à l'égard de ce livre: la fin ouverte. Autant commencer par là: à la fin du livre, vous ne saurez pas clairement qui a gagné, qui a perdu. Beaucoup de choses restent possibles, d'autant que plusieurs intrigues sont lancées dans les dernières pages du roman.
On peut y voir là une critique de la société, où les bouleversement sont rarement synonymes de changements, mais l'effet est un peu brouillon: on retrouve des personnages qu'on avait abandonné le temps de quelques paragraphes, pour les oublier ensuite, on assiste au début de complots dont on ne connaîtra jamais le dénouement,... Pire, on introduit des personnages présentés comme importants, puissants, et on cesse soudainement d'en parler.
Enfin, il reste malgré tout des questions sans réponses.
Bref, j'ai été déçu par la toute fin de ce livre.
En revanche, le reste m'a enchanté. Reposons le contexte.
La Terre toute entière (ou peu s'en faut) est recouverte par un gaz acide et mortel, l'Ecryme, et les principales puissances d'Europe se livrent à une guerre rendue absurdement longue par la faiblesse des effectifs et le recours obligatoire aux tactiques de guérilla.
Dans ce contexte, on suit principalement Louise, une avocat-duelliste contrainte de sortir des murs de Prague pour s'occuper d'une affaire familiale, et qui va se retrouver mêlée à la Révolution que fomentent les communistes.
Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture. Car oui, ce livre est réellement plaisant à lire, on ne s'ennuie pas, les personnages sont, pour la plupart, attachants, les dialogues sont bien écrits, tout comme les descriptions, qui parviennent à peindre un univers cohérent sans être pesantes.
L'univers, parlons-en, est intéressant, avec son concept de ville-îles reliées par des traverses surplombant la mer d'Ecryme. Le contexte social est celui de la révolution industrielle, et il est relativement bien rendu. Je dirais même un peu trop bien rendu, car il n'y a que très peu de machines originales, en dehors d'une automobile à vapeur. Pourtant, avec pareil contexte, il y aurait pu avoir quantité d'inventions intéressantes, ou une présence plus importante des dirigeables.
Au final, j'ai été un peu déçu par ce livre, ainsi que par l'ellipse monumentale entre la première et la deuxième partie. Une ellipse dont on se demande dans quelle mesure elle ne sert pas à combler l'embarras de l'auteur pour expliquer comment les personnages parviennent à déménager une bibliothèque perdue au milieu de nulle part.
Ce livre, bien que très agréable à lire, laisse une sensation d'inachevé. Il y a un peu trop de personnages dont on ignore le destin, et un peu trop de questions sans réponses. Ce qui fait qu'une fin ouverte qui aurait pu être justifiable donne l'impression de n'être que le résultat d'un manque d'inspiration, d'une manifestation de l'auteur qui ne sait pas comment finir de ficeler son récit.