C'est en 1985 que Stephen King sort Brume, recueil de vingt nouvelles avec deux poèmes supplémentaires où il se base sur d'anciennes publications, que ce soit dans divers magazines ou même des textes écrit alors qu'il était étudiant.
Pour mon premier Stephen King (j'ai par contre été marqué par quelques films adaptés de ses écris, à l'image de Carrie, Christine ou Dead Zone), c'est une excellente surprise et aussi l'occasion de découvrir l'auteur sous différents jours, sachant qu'il aborde toutes sortes de textes (tant dans la longueur que le style, allant de l'angoisse à la science-fiction en passant par la poésie) qui ont été écrit à différentes périodes de sa vie. Brume offre donc une vue d'ensemble sur cet auteur, et j'en remercie à nouveau SanFelice pour le conseil, ainsi que la critique qui m'a permit d'enfin lire quelques pages de cet auteur.
C'est clairement la nouvelle Brume qui, en plus de l'ouvrir, prédomine ce recueil, tant par sa longueur que la qualité qu'elle offre. Partant du point de départ d'une brume qui recouvre la ville, avec de nombreuses personnes coincés dans un supermarché, il propose un huis-clos de plus en plus oppressant et angoissant, où le fantastique viendra peu à peu s'y mêler (créatures, phénomènes étranges etc). L'ambiance est tout le long inquiétante (dès la vision de la brume par les protagonistes) et la construction du récit remarquable, tant dans la présentation des personnages, que leurs évolutions et la façon dont ils vont tenter de combattre cet enemi mystérieux et puissant. C'est là aussi que cette nouvelle se montre formidable, dans la façon dont King va étudier la nature humaine et ses réactions face à l'inconnu, où la folie ne sera jamais bien loin, avec une forte montée de la tension et de l'angoise jusqu'à un final glaçant à souhait.
Si en général dans une oeuvre à sketch, il y a quelques inégalités, c'est un peu le cas ici mais heureusement, elles sont minimes et même sans conséquences. De nombreuses nouvelles sont assez marquantes à l'image de Mémé, Le Radeau, Le raccourcie de Mme Todd, Le Singe ou encore En ce lieu, des tigres, des nouvelles où King démontre un vrai savoir-faire tout en se montrant capable de traiter de plusieurs genres et thèmes différents. On retrouve souvent l'étude de l'humain et ses réactions face à l'inconnu et la peur, mais aussi l'enfance qui se retrouve au coeur de plusieurs textes, et tout cela, King l'écrit très bien, souvent avec une vraie science du détail permettant de mieux nous immerger au coeur du récit.
Et c'est donc là que j'en viens à ce qui m'a le plus marqué dans le style de King, à savoir la façon dont il créé l'angoisse, toujours avec sobriété et justesse. Il ne tombe jamais dans l'excessif ou le démonstratif et c'est finalement là que c'est vraiment prenant. Il pose d'abord le contexte de l'oeuvre (que ce soit rapidement ou non) puis instaure doucement une ambiance angoissante, jouant régulièrement avec l'imagination du lecteur. Il se montre tout le long inventif, que ce soit dans les points de départ de ces histoires ou l'avancement, sachant surprendre tout en distillant merveilleusement le suspense et les divers éléments fantastiques. L'immersion est donc totale, il trouve toujours le bon équilibre dans la construction du récit, étudiant ses personnages, les rendants intéressants et mettant peu à peu l'ambiance en place.
Pour une première plongée dans l'univers littéraire de Stephen King, c'est une bien belle réussite tant il arrive à poser sobrement et avec intelligence des ambiances souvent inquiétantes voire angoissantes et très souvent prenantes, tout en trouvant toujours le bon équilibre et un bon traitement des personnages.