Bien que nous soyons plongés au cœur de la Révolution française, ça ira (1) fin de louis séduit par sa nature intemporelle. La mise en scène on ne peut plus contemporaine n’est pas sans référer au conflit des gilets jaunes ou plus généralement aux enjeux politiques que nous traversons actuellement.
Historiquement, le contexte socio-politique est mis en valeur avec un apport d’informations non négligeable. On apprend notamment que la famine touchait alors sévèrement les classes les plus pauvres et que le mouvement révolutionnaire a pu mener à la création d’une police citoyenne.
Le cœur du sujet n’en est pas moins long à venir, n’ayant été captivée qu’à partir du deuxième entracte. J’ai effectivement trouvé la première partie longuement menée et redondante par moment même si ce parti pris a pour but de renforcer l’authenticité historique de la pièce.
Par ailleurs, l’aspect juridique de l’œuvre aurait pu être plus vulgarisé au-delà de la création d’un parlement commun regroupant la noblesse, le clergé et le tiers-état ; à moins que ce ne soit moi qui n’ait pas saisi toutes les subtilités gravitant autour de ce domaine.
La mise en scène de Joël Pommerat rayonne par son originalité se traduisant par son caractère interactif et immersif contrairement aux costumes et décors ancrés dans un style certes contemporain mais tout de même minimaliste et couramment utilisé dans la sphère théâtrale.
L’expérience est encore plus enrichissante lorsque le public interagit avec les acteurs ce qui n’a pas été le cas lors de la représentation à laquelle j’ai assisté. N’hésitez donc pas à vous lever, applaudir et interagir si vous avez l’occasion d’aller voir cette pièce afin de contribuer pleinement à l’ambiance voulue par le metteur en scène.
Quant au jeu d’acteur, il ne s’est pas montré assez homogène à mon goût. Certains comédiens m’ont semblé jouer leur personnage avec beaucoup plus d’intensité et de passion que d’autres mais cela reste un ressenti on ne peut plus subjectif qui peut varier selon les représentations. Je pense notamment à la prestation d’Agnès Berthon, particulièrement puissante bien qu’épisodique.
Divers symboles à la portée des plus observateurs m’ont conquise tels l’allégorie du billard ainsi que les quelques références à la dystopie 1984 de Georges Orwell.