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Ah, Cailloux dans le ciel, le troisième et dernier volet de la trilogie de l'Empire, et le premier dans l'ordre d'écriture (1950 ! Retenez la date c'est important). C'est paradoxalement celui dont le nom français fait le moins envie, et sûrement le plus intéressant des trois.


Le scénario est bien ficelé, et pourtant assez douteux scientifiquement : Schwartz, un habitant du Chicago des années 1950, est transporté suite à une obscure manipulation nucléaire, on ne sait comment, dans le futur. Il est toujours sur Terre, près de Chicago, mais dans le futur d'Asimov la Terre fait partie de l'empire galactique dont la capitale est Trantor. Seulement, les hommes ont oublié que la Terre était la planète d'origine de l'humanité, et c'est devenu du fait de sa radioactivité, une planète arriérée, paysanne, pauvre, ghetto, dont les habitants sont méprisés par le reste de l'Empire.


Schwartz va faire la rencontre de personnages intéressants ; notamment Shekt, un scientifique qui met au point une technique permettant de multiplier les capacités de réflexion des humains et Arvardan, un archéologue venant d'une autre planète qui défend, seul contre tous, que la Terre est le berceau de l'humanité. À partir de là, l'enjeu du roman sera d'empêcher les terriens intégristes d'utiliser une arme qui pourrait bien détruire la galaxie...


Grâce à ce pitch alléchant (et plus intéressant qu'il n'y paraît !) Asimov va, à son habitude et suivant une recette qu'on lui connaît bien, développer plusieurs thèmes très, très sympathiques.


Tout d'abord, le sort de la Terre au sein d'une humanité répandue dans toute la galaxie est une question qu'Asimov affectionne particulièrement et qu'on retrouvera tout au long de son œuvre ; ici c'est particulièrement sensible avec l'archéologue moqué par tous ses collègues simplement parce qu'il pense que l'humanité pourrait être née sur Terre.


Ce sort est intimement lié avec une question qui à la fois fascine et terrifie Asimov, comme de nombreux hommes de son temps : le nucléaire. 1950, il se pourrait bien que la Russie soit après tout un ennemi pour les États-Unis, et qu'adviendrait-il alors de la planète ? La réponse d'Asimov est, on le voit assez pessimiste, mais c'est aussi une façon d'avertir ses contemporains.


Enfin, ce livre nous parle aussi du racisme et de l'oppression des peuples, de façon très judicieuse puisque ce sont les Terriens qui sont opprimés par le reste de la galaxie, ce qui ne manquera pas de toucher le lecteur. Les Terriens sont en effet surveillés de très près par une police impériale qui les maltraite chaque jour, et les méprise ; certains vont même considérer que les Terriens sont une race différente, à l'évolution distincte, et éviter tout contact avec eux de peur d'attraper des maladies. Les Terriens réagissent, inévitablement, hostilement. Et le plus réaliste de mon point de vue, est que même les individus ouverts d'esprit et bien disposés, comme Arvardan d'un côté ou Shekt de l'autre, doivent combattre leurs propres préjugés pour rencontrer véritablement l'autre. Ce sera d'ailleurs l'occasion d'une touchante histoire d'amour interculturel entre Arvardan et Pola, la fille du docteur Shekt.


Un détail qui prouve pour moi comment Asimov était un sociologue dans l'âme et comprenait admirablement bien les rapports humains : le cas des terriens appauvris, méprisés et laissés de côté qui répondent par l'intolérance et le terrorisme a un drôle de goût, 60 ans plus tard, quand on fait un parallèle avec les peuples afghan ou palestinien, malmenés par cet Empire américain qui les méprise...


On a donc, encore une fois de la part d'Asimov, un très beau roman, qui prend en plus un nouveau sens si on considère les évènements de Les robots et l'Empire et du cycle de Fondation. Le scénario est prenant et nous tient en haleine jusqu'à la fin, pour amener la réflexion sur des thèmes plutôt intéressants. Un petit bémol, peut-être, le côté manichéen et quelque peu simpliste de l'histoire : la haine entre les peuples, c'est mal, faites l'amour, pas la guerre, et les gentils gagnent à la fin... Enfin, Asimov reste quelqu'un d'assez subtil et ça reste pour moi le meilleur de la trilogie de l'Empire.


Au fait, j'offre la critique de 2 œuvres de son choix à la personne qui trouve la référence du titre de cette critique, qu'on se le dise !

Nordkapp
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le 24 juin 2013

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Nordkapp

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