Retour au foyer
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
45 j'aime
9
Cap au pire ou tentative de l'échec. Un livre aux mots malmenés, mêlés de maux méandreux. 60 pages de musique blanche et de lettres noires, habillées de quelques motifs que Samuel Beckett ressasse jusqu'à l'obsession, jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à l'impasse définitive. Cap au pire est le roman du parachèvement d'un néant inaccessible, impraticable, impossible. Une quête d'un déjà-là trop plein, encombrant et absolu dans le même mouvement métronomique.
Les motifs : un Encore écrit jusqu'à plus mèche, deux mains (l'une jeune, l'autre vieille) embrassées et mal étreintes, hiatus bas et hiatus haut, des ombres se mouvant dans une obscurité se confondant avec elles-mêmes, un agenouillement comme tentative de presque, un moindre petit quelque chose bizarrement opposé à une paire d'yeux largement clos et écarquillés in fine. Rien que pis que Cap au pire, encore et toujours les mêmes mots méchamment, comiquement, sinistrement malmenés par Beckett et son errance tortueuse : c'est beau, limpide dans sa plus extrême nébulosité, puissant comme un charbon d'ébène chauffé à blanc, exemplaire comme une image sans légende ni commentaire.
Samuel Beckett rature invisiblement le réel en créant les origines du vide. Cap au pire est un livre aussi sublime que désespérant, aussi complet qu'inconséquent, aussi fort que déconcertant. Un livre à lire à voix haute en en buvant chaque syllabe, chaque point, chaque hiatus. De bruit et de silence les motifs ressassés dans le plus bel épuisement témoigne d'une volonté de renoncement conférant aux sphères les plus hautement méditatives. Absurde oui, mais moins dans ce qu'il a de faussement nonsensique que dans sa portée existentielle terriblement ténue. Génie du concept, limpidité musicale, mots savamment choisis : un grand livre.
Créée
le 7 nov. 2021
Critique lue 62 fois
2 j'aime
Du même critique
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
45 j'aime
9
Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...
Par
le 14 nov. 2020
38 j'aime
55
Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...
Par
le 4 nov. 2022
35 j'aime
6