Comme la plupart de la poésie de la grande époque surréaliste, et je dirais même comme dans toute une partie de la poésie du XXè siècle qui s'est affranchie de nombreux codes, j'ai trouvé l'oeuvre de Paul Eluard difficile d'accès.
Pourtant son écriture n'est pas franchement automatique comme les Champs Magnétiques d'André Breton et Soupault, ou les poèmes de Benjamin Péret, mais ici, on a souvent l'impression de lire des vers qui ont du sens pour l'auteur mais que seul lui pourra comprendre. Des vers évoquant la souffrance de sa relation sur le déclin avec sa compagne Gala.
Je n'ai pas réussi à tout lire de manière détachée. Au fur et mesure, il m'a semblé redécouvrir toujours le même texte, réécrit perpétuellement : le ciel, les ombres, les ailes des oiseaux, voilà des termes qui reviennent sans cesse, que je découvre avec plaisir au début mais qui ont fini par me lasser sur le recueil entier.
Même s'il n'est pas nécessaire que les mots aient un sens pour les apprécier, et même si Paul Eluard n'a lui-même pas toujours cherché à leur en donner un, au bout d'une vingtaine de poèmes, ne pas tout saisir devient vite harassant mentalement.
Je me suis donc renseigné en cours de lecture, et c'est surtout après avoir analysé (et littéralement traduit) certains textes en profondeur que j'ai pu les redécouvrir et les apprécier sous un regard nouveau... Cela demande concentration et de multiples lectures.
Je ne veux pas non plus faire penser que cette poésie est indéchiffrable, et ma critique semble négative, Capitale de la douleur est heureusement et avant tout une oeuvre superbe qui recèle de nombreuses fulgurances, et d'images incroyables...
Ne serait-ce que dans ce titre fascinant qui se suffit à lui-même et attise la curiosité.
Je note d'ailleurs que paradoxalement, le poème le plus célèbre du recueil, L'Amoureuse, que je trouve magnifique, est aussi l'un des plus simples à comprendre, et des plus classiques dans sa forme.
Et c'est finalement là-dessus que je me sens un peu déçu et frustré, car les textes qui ont attirés mon attention sont souvent les plus évidents, les moins représentatifs du surréalisme pur et dur, et j'aurais voulu tout aimer.