Car boy
6.2
Car boy

livre de Anne Loyer ()

Il a atterri dans cette casse sans le vouloir. Le décès de sa mère a précipité les choses. Ce père bourru qui l’a recueilli sans le moindre enthousiasme, il ne le connait pas. Et entre eux, les premiers contacts sont électriques. Alors Raphaël trouve refuge dans des carlingues de voitures aussi cabossées que lui et broie du noir. Heureusement il y a Mylène, une demi-sœur tombée du ciel dont le charme ne le laisse pas insensible, et la petite voisine Kathia, toujours de bonne humeur du haut de ses huit ans malgré son fauteuil roulant. Son nouvel univers, Raphaël a du mal à s’y faire. Quant à l’avenir, mieux vaut ne pas y penser, vivre au jour le jour est déjà suffisamment compliqué…


Des accidents de voiture et des accidentés de la vie, des adultes et des enfants qui avancent en traînant des bagages trop lourds pour eux, un décor tout sauf anodin qui participe grandement à la l’atmosphère du récit, des dialogues aussi réalistes que percutants, une écriture fluide et tendue : pas à dire, le sujet est maîtrisé. Raphaël ne sera jamais un « héros », c’est juste un ado en souffrance qui se débrouille comme il peut pour rester debout, trouvant parfois du soutien sans le demander : « Tu subis. Tu te débats. Mal parfois. Mais personne ne te juge. »


Et comme d’habitude chez Anne Loyer, l’espoir demeure, la lumière finit par apparaître mais les problèmes ne sont pas résolus d’un coup de baguette magique. J’apprécie cette retenue, la lucidité dont font preuve les personnages : « Quelque chose dont je me passerais bien nous relie. Cette lâcheté, cette ignorance, cette culpabilité aussi… c’est ça qui nous rassemble, c’est pour ça qu’on se ressemble. Et c’est moche. »


J’ai aimé cette fin où la porte ne fait que s’entrouvrir vers un futur incertain. Non, père et fils ne tombent pas dans les bras l’un de l’autre. « Pas le genre de la baraque ». Mais l’apaisement est de mise, un climat plus serein envisageable. Pour le reste, c’est au lecteur d’imaginer la suite des événements, une liberté d’interprétation bienvenue et une façon intelligente de clore cette histoire touchante ne sombrant à aucun moment dans la facilité et le gnangnan.

jerome60
7
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le 9 mai 2017

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jerome60

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