Courage !
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le 18 févr. 2011
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Au regard du style, on doit se demander comment Mohammed Moulessehoul fait pour écrire en 2008 avec un ton aussi affecté, aussi ornementé, quoique souvent juste, trop souvent surfait. Autant les personnages, dans leur expressions, détonnent du cadre, autant leurs façons de s'exprimer, tout le pathos romantique qui se dégage de leur tirades, sonnent faux et terriblement théâtrales. Il semble que l'auteur écrit depuis un nuage et non avec son époque. Ce qui donne la sensation d'une guerre d'Algérie fantasmée, vue de loin, en théorie, si je puis dire. Car l'écriture, par son style, échoue à nous faire entrer dans ce qu'il y a dans la guerre et la la période coloniale de bouleversant sur le plan ontologique. Bouleversement qui s'il en est, entraîne à sa suite un bouleversement du langage. Or ! On entre pas dans tout dans le langage de cet évènement ; il y a ce filtre entre l'écriture et le réel. Le style trop affecté, trop ornementé nous en éloigne. Pour ce qui est de la narration, le roman tient la route sur la longueur, cela dit, si on s'arrête aux différentes trames, outre le début qui est bien goupillé, le récit se met vite à bailler quand on suit l'itinéraire amoureux du personnage principal. L'auteur veut nous donner une leçon de morale sur « le secret », mais, nous livrant un personnage soumit à sa propre lois du silence, il aborde ce thème avec très peu de relief, à travers un personnage totalement lisse. Le récit manque de belles occasions de se risquer aux sursauts qui auraient donné à la narration ses moments de hauteur et de profondeur. Résultat, ça ne décolle par vraiment, et avec le style dans lequel c'est écrit, on est même pas pris dans un réalisme social dont on pourrait dire qu'il peut se passer de ces sursauts, en fait on est nulle part. Ça reste dans l'ensemble assez plat. Sans parler de cette trame amoureuse qui n'en finit pas de se répéter à tel point que des micro-évènements somme toute assez fournit deviennent complètement ennuyant car l'auteur tend à son personnage quelques perches mais il fait du sur place. Ce qui oblige les évènements à se répéter.
Que va-t-on retenir de ce livre ? Au final pas grand chose. C'est mal écris. L'auteur nous parle de la guerre d'Algérie, mais il écrit en 2008 comme s'il ignorait les bouleversement ontologiques et esthétiques qui ont court au 20 siècle. On peut penser aux falaises de marbre de Jünger, qui malgré que ça soit mal traduit, et malgré que ça soit très ornementé aussi, parvient à installer un climat de pesanteur et de lourdeur très vite dans son roman.
Vous me direz, oui, mais ça n'est pas un livre sur la Guerre d'Algérie à proprement parlé, car ce personne, aussi lisse soit-t-il, ne s'engage pas, et regarde en effet ces événements depuis un nuage, vous pourrez me dire : ce qui compte, ce sont les histoires d'amour et les amitiés que cette guerre boulverse.
Je vous dirai que l'histoire d'amour, d'Emilie et Younès, bridée par la l'insipidité du personnage principal, même sur toile de fond de Guerre d'Algérie n'a pas grand chose à nous offrir. Ça et là quelques envolées, de bonnes idées, mais l'ensemble rend comme une carte postale avec des couleurs saturées. C'est tellement criard qu'on arrive pas à entrer dedans. Et si on y entre, on en ressort les mains vides.
Je met quand même 1 point pour les passages bien écris, 1 point pour les rares envolées où le personne quitte le pathos romantique et a un peu de caractère, 1 point pour le récit qui tient la route sur la longueur, à part bien évidemment la quatrième partie, qui est complètement et irrévocablement redondante, car il ne se passe absolument rien qui n'ai d'incidence sur le manque d'épaisseur du personnage principal. Et je met 1 point pour l'imagerie et le sensationnalisme que ce roman déploie, car il y a tout de même des scènes dans lesquelles on s'immerge, bien que ça soit encore que du sensationnalisme.
Créée
le 16 oct. 2023
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