Des « Douze possibilités d’échapper à Noël » qui suivent les « Cent bonnes raisons pour me suicider tout de suite » dans la réédition des Éditions Wombat, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon que c’est loin d’être ce que Topor a fait de mieux. Il semblerait que le texte soit inédit avant 2018, peut-être n’aurait-il rien perdu à le rester.
Les « Cent bonnes raisons… », en revanche, publiées pour la première fois à l’automne 1977 dans la revue Le fou parle, sont dans la lignée de la Cuisine cannibale : de l’humour noir de haut niveau, avec tous ses sous-genres possibles, de la variété sociale (« Au revolver : je ferai du bruit après dix heures », raison 58, p. 28) à la variété métaphysique (« Pour simplifier ma dualité : s’il n’en reste qu’un j’y verrai plus clair », raison 36, p. 20), en passant par la variété angoissée (« Parce que je suis une espèce en voie de disparition que personne ne protège », raison 74, p. 33), le tout à partir de ce qu’on pourrait appeler la branche principale de l’humour noir (« Pour faire partie de la majorité silencieuse. La vraie », raison 41, p. 22)
Ça peut être si brutal que c’en est désarmant : « Pour tuer un juif, comme tout le monde » (raison 40, p. 22). Ça peut être un peu plus recherché, mais toujours aussi désarmant : « Pour être bon avec les (petits) animaux » (raison 67, p. 31). Et toujours avec un travail sur la langue qui dépasse le goût du bon mot sans trop de conséquence : « Pour marquer la journée d’une pierre blanche » (raison 21, p. 15), c’est presque de la poésie.
Ça reste construit : la dernière raison, placée ailleurs, perdrait de sa force.
Une bonne raison d’aller voir toutes ces raisons sur internet (par exemple ici), c’est que le volume Wombat, bien mince en définitive, coûte six euros. Deux bonnes raisons de l’acheter quand même, c’est qu’il est plutôt beau et qu’une maison qui réédite Topor mérite les encouragements.

Alcofribas
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le 12 nov. 2018

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