Avril 1945, dans la campagne allemande, une effroyable colonne de prisonniers juifs avance vers une mort quasi-certaine. À l'approche des alliés, hommes, femmes et enfants ont été évacués des camps d'extermination et jetés sur les routes. L'un d'eux transporte un rouleau de cuir contenant des lettres témoignant des horreurs de la Solution finale. Assise sur un tabouret au bord du chemin, une vieille comtesse les regarde passer, satisfaite. Elle sait ce qui les attend dans quelques minutes ...
De son côté, Magda Goebbels, femme la plus révérée du troisième Reich, broie du noir au fond du Führerbunker alors que les Soviétiques investissent la ville. Elle a connu les plus belles heures de l'Allemagne nazie et sait maintenant que la guerre est perdue, qu'Hitler ne se rendra pas. Son mari, ses enfants et elle non plus …
Deux récits ... mais en réalité bien plus d'histoires que ça puisque le rouleau de lettres passe de main en main, s'épaissit au fur et à mesure des témoignages de gens dont on a volé le quotidien et qu'on massacre à l'envi. Comme autant de preuves que les libérateurs devront diffuser lorsque la guerre sera terminée. Parmi eux, Gary et Lee, soldat et reporter américains, représentent le troisième point de vue de ce roman. Ils avancent vers Berlin, leur bonne volonté en bandoulière malgré les horreurs qu'ils découvrent.
Sébastien Spitzer écrit une première œuvre ambitieuse et très documentée. Ces rêves qu'on piétine est un roman sombre et lourd dans lequel l'espoir est peu présent. Il est pourtant nécessaire pour avancer. Son style d'écriture est nerveux, haché, sec. Une économie de mots qui rend la lecture parfois inconfortable. L'histoire s'y prête.