Check-point par BibliOrnitho

La Bosnie centrale. Au moment d’une guerre civile si compliquée que le quidam moyen ne savait jamais qui tapait sur qui. Qui étaient les agresseurs ni les victimes.

C’est vers ce bourbier sans nom que deux camions d’aide humanitaire se dirigent. A leur bord, cinq français : Maud, Marc, Lionel, Alex et Vauthier. Les bahuts sont poussifs et menacent de rendre l’âme à chaque côte. Le cheminement est donc lent. Le lecteur a le temps de s’imprégner de l’austérité de ces montagnes balkaniques sur lesquelles les premières neiges de l’automne ne tarderont plus à tomber.

La guerre est encore loin. Pour le moment du moins. La mission ressemble davantage à une balade aventureuse du Club des Cinq. Puis, c’est le premier Check-Point. Pas un point de contrôle ressemblant à un poste frontière. Ni à celui qui existait entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Mais un petit Check-Point de campagne. Avec une petite barrière ridicule, une cahute en carton, un âne sur le bord de la route. Et surtout, des combattants qui sont plus des paysans que des guerriers, armés de pétoires antédiluviennes. Des gens terrorisés par cette drôle de guerre. Des gens nerveux et tatillons. Imprévisibles. Dangereux.

Les Check-Points sont donc des étapes d’importance sur le parcours du convoi. Où les comportements trop décontractés, à la limite de l’arrogance de Marc et d’Alex, anciens militaires donnent des sueurs froides aux trois autres. Ces deux-là cachent quelque-chose. Lionel, responsable de la mission en est certain. Tout comme Vauthier dont le jeu n’est pas bien clair non plus.

Jean-Christophe Rufin renoue avec l’humanitaire qu’il connait bien. Il nous décrit le quotidien de ces bénévoles qui se rendent en zone de guerre pour venir en aide aux victimes. Mais le tableau n’a rien d’aussi simple, d’aussi manichéen. Les victimes peuvent se faire bourreaux. Les anciens bourreaux devenir victimes. Check-Point est un intéressant questionnement sur cette aide et sur leurs bénéficiaires. Sur ce qu’attendent réellement les victimes. Sur ce qu’on est prêt à leur apporter.