Ce livre n'est pas un flivre sur le cheval
Tout d'abord, l'image de l'édition contemporaine est beaucoup plus classe : une photo au crépuscule d'un garçon japonais, tête renversée et fermant les yeux. C'est autre chose que cette image... (Mishima déguisé en Saint Sébastien, percé de flèche laser, façon Star Wars (?)).
Comme j'en suis à l'édition : il faut noter que la quatrième de couverture spoil absolument tout le livre ! Je veux bien que, dans la continuité d'une tétralogie, la lecture des quatrièmes de couverture des livres suivants spoil le contenu des précédents. Mais alors... résumer le livre pour donner envie de le lire (?) je ne crois pas que ce soit une bonne idée ^^
Laissons ces détails barbants et passons au livre en lui-même. Sans spoil, bien sûr, je vais me contenter de donner mes impressions sur certains moments détachés de l'histoire générale. Tout d'abord, j'ai préféré Neige de Printemps. Il n'est pas "mieux" objectivement, c'est avant tout une question de tempérament. Chevaux Échappés (au titre enchanteur) est à mon sens plus unilatéral que son précédant. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de nombreuses nuances, mais l'enjeu du livre se concentre sur le questionnement d'un idéal de pureté politique et historique, là où Neige de Printemps s'étendait sur des thèmes plus larges : l'amour, la philosophie, la spiritualité (surtout en ce qui concerne la réincarnation), la fuite du temps, l'idéal de beauté.
Après, ce côté univoque, pur, vif, du livre présent peut lui donner une force et une concentration plus marquante, surtout si l'on s'intéresse aux idéaux d'Isao, personnage principal.
Enfin, il y a sacrément des longueurs. Le livre aurait gagné à faire 100 pages de moins, puisqu'il s'attarde beaucoup trop sur des choses qu'on a déjà compris, c'est bête...
Après, j'ai tout de même mis 8/10, et il y a bien une raison, c'est que le livre est bon, même plutôt très bon. Il y a beaucoup de couchés de soleil, de crépuscules très bien rendus (j'ai l'impression que tous les personnages se sont mis d'accord pour n'agir qu'à une certaine heure de la journée ^^) j'aime vraiment ce genre d'ambiance, quand le soir approche lentement et que les couleurs font un peu n'importe quoi dans le ciel ; alors, forcément, j'ai été très sensible aux descriptions de ces moments.
Dans la continuation de Neige de Printemps, il est aussi intéressant de voir la progression de certains personnages, approfondis, et qui garde tout de même quelque chose qu'on connait, c'est pas un long roman pour rien.
Des passages sublimes, les rencontres entre Isao et Mikiko, notamment, qui font échos à celles de Kiyoaki et Satoko (du romans précédent), la force du personnage principal, qui à vraiment quelque chose de héroïque dans son entêtement. Détails fugitifs au milieux d'actes importants, qui donnent une dimension plus grande au livre (ils sont un peu moins nombreux que dans Neige de Printemps, mais certains font carrément rêver...)
Et je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la sympathie pour Isao, spécialiste de kendo (ça m'a beaucoup rappelé l'escrime), franc, qui va au bout de ses idéaux, et la psychologie des personnages l'entourant (comme celle de son père) est loin d'être stéréotypée, ce qui est rare je trouve.
Enfin, oui, j'ai hâte de découvrir la suite. Ces livres finissent par devenir attachant, quand on aime le monde japonais, qu'on accepte les défauts (comme dans tout livre). Et la ligne directrice (que je ne révèlerai pas) fait qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer quel sera le nouveau personnage principal et quels seront les liens qui l'uniront à ceux que l'on connait déjà. Arf !