À l'intention du lecteur qui sature de la SF silicium, car Chromozone est un post-apo qui s'empresse d'évacuer l'inévitable informatique sous le tapis..et qui s'intéresse à tout le reste.
Il y a à Marseille la même ambiance de fin du monde depuis deux mille cinq cents ans.
C'est donc l'endroit idéal pour du post-apo citadin : le bouquin commence là, au milieu des émeutes entre tribus.
Car c'est son principal intérêt : la dissection du réflexe communautariste, celui qui permet de se sentir moins paumé en se rattachant au premier repère commun - ça donne une raison de vivre, c'est-à-dire principalement une raison de taper sur les autres. Le tout pour un roman-patchwork, une sorte de croisée des possibles ; chacun des clans reconstruit un futur différent, incarné par chacun des personnages que l'on suit dans le récit.
Le plus intéressant étant l'interface, quand toutes ces possibilités se croisent, que leurs représentants se marchent sur les pieds.
Le bouquin est parfois desservi par une syntaxe étrange, un découpage douteux ou des personnages aux réactions pas forcément crédibles ; mais dans l'ensemble, c'est de la SF française du XXIè siècle, étonnamment cosmopolite, dépaysante, originale...
Le reste de la trilogie est un cran en-dessous ; à titre personnel, je suis sûr que c'est parce qu'on n'y voit pas assez Marseille.
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