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En 2009, Stéphane Beauverger sortait un roman captivant, original et étonnamment construit : Le Déchronologue, une petite perle de l’imaginaire francophone à conseiller à tout le monde. Pourtant, ce n’est pas là une raison de négliger les précédents livres du bonhomme. Son premier roman, Chromozone, est sorti en 2005 et constitue le premier épisode de la trilogie du même nom.

L’histoire commence une quinzaine d’année après qu’un virus informatique aussi rapide que dévastateur (le fameux Chromozone) ait anéanti tout moyen de communication évolué et jeté aux oubliettes toutes les institutions qui allaient avec. Après une période de joyeux chaos, le monde s’est réorganisé autour de communautés pas plus grandes que des villes, fondée tantôt sur une identité forte tantôt sur la religion, qui assurent la protection de leurs habitants tout en se livrant à des guérillas incessantes. Au dessus de tout ça, de puissantes entreprises, sortes de vestiges des multinationales de notre temps, tentent de contourner le virus en concevant des technologies originales qu’elles vendent aux pouvoirs locaux, en s’assurant des profits conséquents. Bref, un monde charmant que le lecteur découvre via des personnages qui se débattent comme ils peuvent, à Marseille, en Bretagne ou encore à Berlin, alors que nouveaux bouleversements dramatiques s’annoncent.

Il n’est donc pas question de zombies ni de robots tueurs ici, mais d’un monde à peine reconstruit, composé de fragiles sociétés violentes et repliées sur elles-mêmes. Contrairement à un livre comme Ravages (de Barjavel), Chromozone débute des années après un cataclysme initial dont on ne sait finalement que peu de choses ; le propos n’est d’ailleurs pas là. L’auteur s’attaque plutôt directement aux dérives de ce nouvel univers dans lequel la bêtise n’a pas fini de faire des dégâts. Globalement linéaire, le roman ne s’embarrasse pas de constructions complexes mais réserve tout de même une ou deux surprises au lecteur qui, trimballé d’une ville à l’autre, n’est pourtant jamais perdu. Quant aux personnages principaux, ils ont ce petit quelque chose qui les rend attachants. Ni héros ni salauds, ils se débrouillent comme ils peuvent avec leurs obsessions, qualités et faiblesses.

Individuellement, Chromozone est donc un roman très sympathique qui ne demande qu’à être complété par ses deux suites (Les Noctivores et La Cité nymphale). Comme toute histoire SF qui se respecte, celle-ci interroge les tendances de notre monde actuel (allant de la dépendance aux technologies jusqu’aux replis identitaires) et tente d’y répondre en le retournant dans tous les sens. On pourrait débattre sur la crédibilité d’un tel scénario, mais l’essentiel est justement là : faire fonctionner notre cerveau. « Il n’y a plus de place en ce monde pour la bêtise », répète d’ailleurs sans arrêt un des personnages du livre. Sur ce, je vais mettre à jour mon antivirus.
Nonivuniconnu
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le 7 sept. 2014

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