Chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art par Moossye

Pierre Givodan, peintre poète, et critique d'art écrit régulièrement pour artpointfrance.org, ici, Chantal Vieuille, éditrice, propose une sélection de ces chroniques, qu'elle agence d'une nouvelle manière.

Il y a des livres, ou plutôt des manuels écrits comme un concentré d'histoire de l'art, bourré d'exemples, idéal pour les débutants.
Ici, le public visé n'est clairement pas le même.
Pierre Givodan s'adresse à un lecteur familier d'Adorno, de Deleuze, d'Agamben et de bien d'autres. On peut évidemment tenter la lecture sans ces connaissances, cependant, il parait difficile de saisir les enjeux du recueil sans connaitre les principes fondateurs sur lesquels il se base.

Passé ce stade, on se laisse vite porter par la passion de Givodan pour ceux qu'il évoque : de Camus à Coltrane en passant par Matisse et Klee, on passe de la littérature à la musique, de la philosophie à l'art, presque « du coq à l'âne », mais toujours avec l'enthousiasme comme fil conducteur.
Givodan présente ses « maîtres » à la lumières des philosophes d'hier et de la société d'aujourd'hui. On se surprend à redécouvrir des artistes que l'on pensait connaitre par coeur à force de name dropping. On comprend mieux certaines démarches, et, par la même occasion, certaines créations contemporaines croisées ces derniers mois s'éclairent également.

Cependant, il arrive aussi que Pierre Givodan n'aime pas. Il est déçu, révolté, exaspéré, mais il ne cite qu'à demi mot. Parfois dommage. Même si une « liste noire de l'art » aurait été malvenue, on regrette parfois l'absence d'exemples qui faciliteraient la confrontation entre les idées de l'auteur et celles du lecteur.
Cependant, on devine qu'il s'insurge contre un art coupé de toutes références, contre un art mondain qui flirte avec la tendance, le conservatisme ou le pouvoir. Il aime la nouveauté, prône la tolérance face à ce que l'on ne comprend pas encore. Il invite à juger « de manière éclairée » : à voir ce qui entoure la création, ce qui la précède, ce qui la suit, sans s'arrêter à la simple forme ou au style.
Difficile de ne pas être d'accord.

Le livre est dense, les chroniques sont courtes mais chacune développe une idée qui pourrait s'étendre sur des centaines de pages. Les chroniques de Pierre Givodan s'adressent à un lectorat qui veut réfléchir sur des choses qui ne lui sont pas inconnues, qui veut approfondir ses connaissances ou ses opinions sur la création, ou simplement, découvrir les états d'âmes et les pensées d'un artiste.
Amateurs d'art, de littérature ou de philosophie, je ne peux que vous inviter à tenter la lecture...
Moossye
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le 19 mai 2010

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