« La poésie et la beauté peuvent devenir destruction. »
Waouw, quelle claque en pleine face ! Je ne m’attendais vraiment pas à cela.
Comme l’a dit L’erreur sociale plus haut, je pense que c’est une très bonne idée de se lancer dans cette lecture innocemment, sans ne rien savoir avant, les yeux fermés ; et de se laisser guider dans cet univers si différent des trois autres pièces du Sang des promesses. Un contrepied total, et aussi un pied total (en fait).
Je ne sais pas comment commencer mon avis, alors étonnamment, je vais commencer par la fin. La postface nous donne de précieuses indications de la création de la mise en scène de la pièce et je dois dire que je n’ai jamais vu quoi que ce soit de semblable. La scène est circulaire et entoure les spectateurs qui doivent se tourner pour suivre les différentes « chambres » et deviennent en plus une partie du décor de la pièce. Franchement, je ne sais pas où Wajdi Mouawad a été chercher cette idée, mais je crève d’envie de voir ça en vrai ! Certaines scènes sont décrites en détail (toujours dans la postface) et… Waouw, je veux en être !
La part visuelle est donc énorme, la dynamique théâtrale joue une grosse importance ; et malgré cela, la pièce écrite ne souffre en rien de ce manque de transmission visuelle, ses mots sont largement suffisants pour être pleinement appréciés. Dès les premières pages, une litanie aux sonorités puissamment poétiques m’a entièrement prise dans ses filets. Les mots choisis, les allitérations, les rythmes, la force des images utilisées… J’ai été soufflée, j’ai apprécié chaque syllabe et j’étais déjà à 100 % captive de l’ambiance si troublante de la pièce.
« Le hoquet que voilà ne craint pas le sursaut
Ne craint pas la gorgée de sang de gorge égorgée
Ni sursaut ni gorgée ne sauront l’interrompre
Nulle respiration retenue
Hic ! Hic !
Voici venu le temps hoquetant !
La peur, la terreur
L’hallali ! »
Ces vers libres reviendront à plusieurs reprises s’insérer entre les répliques et donnent un profond relief aux mots et une grosse secousse aux émotions. Un vrai coup de pied dans la fourmilière. Sincèrement, je ne veux pas en dire plus sur la trame, il faut la découvrir soi-même.
Je tiens juste à rajouter que je vous conseille fortement de lire Ciels après les autres pièces du Sang des promesses, autant les trois premières, qui partagent des liens de similitude très forts, peuvent être lues dans n’importe quel ordre, autant, celle-là qui prend le contrepied des trois autres doit impérativement être gardée pour la fin si vous voulez vous envoler avec ses mots.
En bref : un sujet passionnant, une litanie qui m’a prise aux tripes, au cœur, et même un peu au-delà, je ne sais pas comment l’exprimer, une mise en scène qui doit vraiment tout déchirer, une claque magistrale ; sans aucun doute ma pièce préférée de cette tétralogie, qui vient vraiment clore en beauté ce Sang des promesses.
PS : J'adore la couverture, elle m'a déjà séduite avant même d'ouvrir la première page. Par contre, j'ai réalisé qu'il y a cinq têtes pour quatre paires de jambes et ça m'a fortement perturbée.