Un homme meurt d'une crise cardiaque à 49 ans, il laisse une veuve et cinq enfants : Mario, Maria del Carmen, Alvaro, Borja et Maria Aranzazu. Beaucoup de gens viennent apporter leurs condoléances à son épouse, Maria, ses amies de toujours Valentina Bene et Esther et l'entourage professionel de son mari, professeur à l'université. La famille est également présente, et la petite Maria de six ans déclare qu'elle voudrait que son papa meure tout les jours pour pouvoir rater l'école. Sa mère ne supporte pas un tel blasphème et lui donne une correction carabinée. Les invités parlent sans se soucier de qui les écoute, et on commence à entendre que Mario n'était pas un homme aussi bon qu'on le prétend. Une fois tout le monde parti, Maria décide de rester au chevet de son époux défunt et ouvre la Bible dont il a souligné des passages qu'elle va commenter. S'en suit un long monologue où elle va reprocher tout ce que son mari lui a fait subir durant ces vingt cinq années de mariage. Il l'a repoussée le soir de leur mariage, se retournant sur le côté pour dormir, affront qu'elle n'a jamais digéré. Elle est issue d'une famille plutôt bourgeoise et réactionnaire, qui voit la Monarchie comme le seul régime possible. Mario lui, était plus libéral, il écrivait des livres auxquels elle ne comprenait rien, voulait que les pauvres aient les mêmes possibilités d'ascension sociale que les riches, et roulait à bicyclette tant son admiration pour les prolétaires était grande. Elle ne s'est jamais remise qu'il ne lui ait pas acheté le "Seicientos" (Fiat sixcent) qui la faisait rêver, alors que maintenant n'importe qui possède une voiture, et qu'elle a dû aller à pied comme une moins que rien. Elle le soupçonne aussi d'avoir eu une aventure avec la veuve de son frère, Encarna lors d'une fête à Madrid. Elle insiste sur le fait qu'elle plait encore pour son âge, et que beaucoup d'hommes lui tournent autour, car elle a une poitrine de jeune fille, et qu'elle n'est pas forcément insensible au charme de certains. Les griefs pleuvent, sur son physique, sa famille, sa dépression, car selon elle, quand les médecins ne trouvent rien ils racontent que ça vient des nerfs juste pour ne pas passer pour des imbéciles, et que c'est juste un parezsseux qui manquait de volonté. Elle lui parle comme si il était encore de ce monde, avec des petits noms affectueux, soupoudrés de phrases toutes faites et de reflexions obstinées résultat d'une éducation étroite de préjugés dans une Espagne en crise.

Bien qu'il y ait un intérêt historique certain dans la lecture de ce roman, je me suis profondément ennuyée. Il y a en effet un choc des milieux dans l'Espagne post franquiste, entre une femme profondément intégriste, catholique, raciste, dont les valeurs archaïques ne supportent aucun accroc, et son mari qui lui se laisse entraîner par le nouveau courant républicain, en proie aux contradictions de son éducation et de sa culture. L'écriture de quasiment trois cent pages de monologue d'une femme de ce type est un exploit littéraire, et sa lecture un exploit de patience également... Car passées quelques pages, une trentaine pour être généreuse, la femme ne va faire que se répéter sur une dizaine de sujets tout au plus. Ceux-ci relèvent souvent de la vie quotidienne et ne présentent pas grand intérêt. De plus, il y a un aspect qui me gêne de plus en plus chez les auteurs masculins qui se mettent dans la tête des femmes, j'ai l'impression qu'ils veulent en faire trop et du coup ils sont à côté de la plaque. Les femmes sont moins différentes d'eux qu'ils voudraient le croire. Ou bien je suis moins sentimentale et superficielle que les autres, mais j'en doute. Au début j'ai trouvé l'idée des débuts de chapitre qui commence par les versets de la bible surlignés par le défunt et son épouse rebondit dessus. Dès trois ou quatre chapitres elle tourne en boucle sur ses arguments qui n'ont rien à voir avec le verset. Ca a été pour moi très difficile de le lire jusqu'à la fin, j'ai tenu en espérant avoir une fin à la mesure de mon attente et j'ai été à moitié exaucée. Le seul intérêt pour moi c'est que j'ai retrouvé des expressions du langage parlé castillan que j'avais oubliées. Cinq heures avec Mario, un livre original, mais l'originalité ne paie pas toujours.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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