Et dire qu'on me l'avait chaudement recommandé...
Par où commencer avec Cinquante Nuances de Grey ? Tant de choses ont déjà été dites.
Je vais commencer par lister les quelques points positifs qui justifient ma note, d'ailleurs pas si mauvaise au regard de la moyenne globale du livre.
Tout d'abord, Fifty Shades m'a permit d'approcher le milieu BDSM, un peu. C'est le premier livre que je lis à ce propos alors j'étais assez emballée au départ, mais très vite j'ai déchanté en comprenant que cette insignifiante Ana ne signerait jamais le contrat qui la lie à son "Dominant", le fameux Grey. On ne fait donc que survoler cet univers controversé, nous gavant de clichés éculés et d'ambiance "Fistinière" vue et revue. Tant pis, je satisferai ma curiosité en lisant Histoire d'O, apparemment un peu meilleur dans ce style.
Ensuite, le livre se lit vite. Il est court, prévisible, pas profond pour un sou. C'est très bien pour se détendre dans cette période épuisante d'entre-fêtes, où l'on ne fait que se goinfrer et réviser pour les partiels de la rentrée. Vraiment c'est parfait !
D'autant plus que le livre ne se contente pas d'être creux, il est drôle par dessus tout ! Involontairement bien entendu. Cette étudiante en lettres ne lisant jamais et ayant pour seule référence littéraire Tess d'Uberville de Thomas Hardy m'a bien fait rire. Au moins autant que le priapisme de son mec.
Sinon le livre n'a lieu d'exister que pour ses quelques passages érotiques, où tout n'est pas à jeter en bloc.
Bref, vous l'aurez compris, Cinquante Nuances de Grey est un livre à ne pas prendre au sérieux.
Venons-en aux défauts qui polluent le bouquin.
Premièrement : l'héroïne, Ana, qui nous fait l'affront d'un récit à la première personne. Non mais qu'est-ce que c'est que cette manie de choisir des filles fadasses, superficielles, égoïstes et mal dans leur peau ? C'est LE modèle féminin du XXIème siècle, c'est ca ? Par pitié...
D'un autre côté, je devais être la dernière personne à savoir qu'il s'agissait d'un livre tiré d'une fan-fiction de Twilight. Ça m'apprendra à lire les critiques APRES avoir lu le bouquin.
Le deuxième défaut, c'est justement ladite ressemble avec la saga Twilight, le sexe en plus. A nouveau, on nous conte l'histoire d'une fille insipide qui attire l'attention d'un type très riche et ténébreux. Sauf que cette fois-ci, Edward est accro au sexe violent. En gros, on prend les mêmes, et on recommence !
Et enfin, ce qui m'énerve le plus dans cette histoire - au-delà des niaiseries, des répétitions, des personnages non aboutis et de cette foutue morale qui veut que le SM, c'est mal - ce qui m'horripile au plus au point, c'est la quantité d'idées reçues sur la sexualité féminine qu'on nous vend !
Non, ce n'est définitivement pas ordinaire d'avoir deux orgasmes lors de sa première fois, ni durant tous les futurs rapports d'ailleurs. Il faudrait ajouter un message d'avertissement à destination de toutes les jeunes vierges qui ont l'intention de lire ce livre : "ceci est un récit de pure fiction sans aucun, au grand jamais, rapport avec la réalité". Sinon, on risque de créer des névrosées en puissance.
Présenté comme un bouquin invitant les femmes à une libération sexuelle, Fifty Shades ne fait malheureusement que renforcer des idées archaïques, selon lesquelles le sexe violent ne peut être qu'une déviance, qu'il faut "faire l'amour" avec son chéri et non pas "baiser", il ne faut pas connaître différents partenaires, etc... Toujours dans cet esprit vieux jeu, Ana, avant de rencontrer Grey, est une jeune fille perdue, inexpérimentée, fragile. C'est lui qui va l'inviter à vivre, l'ouvrir au monde extérieur, lui procurer tout ce qu'elle désire... L'entretenir en somme.
Si c'est ça un roman "libérateur", non merci.
Me voilà donc bien embêtée avec mon deuxième tome de Fifty Shade, offert pas mon petit ami qui, plein de bonnes intentions et devant la rapidité de ma lecture, pensait bien faire.