Soyons claire tout de suite: si ce que vous cherchez c'est ce que promet ce genre de livre, à savoir une belle histoire d'amour qui va vous faire pleurer d'émotion (et mouiller vos sous-vêtements) alors passez votre chemin. Clairement, ce roman n'est ni émouvant, ni excitant. Il réussit même l’exploit d’assécher votre entre-jambe, et c'est peu de le dire.
La relation entre Christian et Anastasia réussit l'exploit d'être encore plus malsaine que celle entre Edward et Bella, à base d'emprise, de stalkage, de contrôle, de viols (oui oui, y'a des rapports sexuels ou elle dit clairement qu'elle ne veut pas, ou pas comme ça, et ce sans même parler du fait qu'à la base le SM ce n’est pas la tasse de thé de la damoiselle) et de femme qui se sacrifie pour sauver son homme de ses péchés et de ses tourments.
Le tout dépeint comme normal, souhaitable voire romantique, cela va de soi.
De même, n'espérez pas avoir une intrigue qui va un tant soit peu vous tenir en haleine: Si vous avez déjà trainé sur Fanfiction‧net tout est cousu de fil blanc. Le damoiseau est l'Homme Parfait (selon l'autrice) tourmenté par son Triste Passé, et l'héroïne une oie blanche classique des fictions de ce style : avec l’intelligence d’un poulet sans tête et sans aucune vie amoureuse ou sexuelle ; c'est à peine si elle a déjà ouvert un catalogue La Redoute pour s'acheter des culottes petit bateau.
On sait qu'après une séparation, la rencontre d'une rivale/ex, une plongée dans son passé et beaucoup, beaucoup de reniement d'amour propre pour Anastasia ils vont finir ensemble, que Cricri va guérir de ses pulsions par le pouvoir de l'amour, qu'ils vont se marier et faire une tripotée de têtes blondes.
N'espérez pas non plus agrandir votre vocabulaire, ou même y trouver des indices sur comment qu'on fait le sexe hétérosexuel. Le vocabulaire est pauvre, misérable même, et l'autrice est incapable de décrire convenablement son objet (aka: le cul), sans même parler de tout le champ lexical qui va avec. On se retrouve donc régulièrement avec des "là ..." (les points de suspension sont importants) pour décrire l'entrejambe, et avec un Christian qui descend tellement qu'on finit par se demander si sa tête n'est pas au niveau des montants du lit.
Cependant, outre d'être un énième objet d'étude sur comment on fait rentrer au forceps dans la tête des femmes qu'elles doivent se soumettre aux hommes pour être heureuse (car à force d'arroser patiemment un homme d'amour, même le pire des connards se transforme en amant dévoué bien évidemment) ce roman a une qualité rare : il est à mourir de rire.
Involontairement, comme pour tous les nanars, il est vrai. Mais si vous avez des amis avec qui ça ne vous gêne pas de parler de fesse, alors ce roman est incroyablement drôle: c'est un subtil mélange de tournures inutilement grandiloquentes, de métaphores filées wtf et de scènes de cul écrites avec le dit fondement.
Pour preuves, voici quelques citations tirées du premier tome (le seul que j'ai lu, faut pas pousser non plus).
Évidemment, certaines d'entre elles impliquent de la fesse même si j’en ai choisi des plutôt soft, donc arrêtez-vous là si vous souhaitez garder des yeux chastes.
"Ma conscience, furieuse, à l’air de Méduse avec ses cheveux qui volent dans tous les sens ou bien du Cri d’Edward Munch avec ses mains pressées sur ses joues. "
"La sueur de Christian Grey... rien que cette idée me trouble."
"je lorgne la brosse à dents de Christian. Ce serait comme si je l'avais dans la bouche. [...] ça m'excite."
"Le brushing post-coïtal lui va bien"
" J’ai écouté mon cœur : résultat, j’ai mal aux fesses et à l’âme. "
Bref, un potentiel bon moment de rigolade entre ami‧e‧s, à défaut d'être un bon bouquin.