Le parcours de l'auteur, anti-universitaire, a quelque chose de fascinant. Mike Davis a fait divers petits boulots tout en rédigeant ce livre sur l'évolution de Los Angelès au XXe siècle. Ce livre touffu défie la synthèse, mais on peut dire qu'il repose sur deux idées-force :
1 - Los Angelès est une ville qui doit sa croissance à la promotion immobilière.
2 - Son urbanisme est foncièrement ségrégationniste, s'efforçant de chasser les pauvres du centre gentryfié.


L'analyse combine une description à hauteur d'homme du paysage urbain, en prenant toujours des exemples emblématiques, et une connaissance approfondie de la politique urbaine de la ville, et de l'évolution de son paysage. Il y a aussi beaucoup d'excursus historique, l'auteur s'étant efforcé de sortir de l'oubli les transformations incessantes de la ville (c'est sans doute pour ça que j'ai bien aimé, n'ayant pas une sensibilité de géographe). Un véritable défi, qui fait de ce livre une mine sur la cité des Anges.


Je vais maintenant faire un résumé du livre, plus pour moi-même que pour vous.


Le Prologue ouvre sur les restes de la cité socialiste de Llano del Rio que voulait fonder le socialiste Job Harriman, qui faillit devenir maire de LA. Aujourd'hui, même ce désert est colonisé par le cancer des banlieues, qui fait que la galaxie de LA est aussi grande que l'Irlande (p. 8). Récit d'une rencontre à Llano avec deux wetbacks enthousiasmés par la ville.


CHAP 1 - OMBRES ET LUMIERES
Ce chapitre, sous couvert d'étudier les variations du mythe Los Angelès, pose quelques jalons historiques pour son histoire. Ville surmédiatisée, qui pourtant n'a pas fourni de grands intellectuels locaux. Au tournant du XXe, le groupe d'Arroyo (qualifiés de "promoteurs de rêve") montrait la Californie comme un Eden perdu. Rôle de Fletcher Lummis, rédacteur du Los Angelès Times, bras armé du général Harrisson Gray Otis, qui initia la politique d'open shop, une militarisation du travail qui réprima et étouffa toute introduction du syndicalisme en Californie du Sud. Style néo-missionnaire, passion ethnologique pour les Indiens du Sud, romantisme et spéculation immobilière basée sur un passé fantasmé (bungalow Craftsman, néo-haciendas).Premières dénonciations de l'urbanité factice de LA par Louis Adamic et Morrow Mayo, puis Carey McWilliams, un élu local.


Les maîtres du Noir : Apparition fin 30's-début 40's du genre noir, qui révèle l'impact de la crise sur les classes moyennes, le dégoût envers l'oligarchie. 1ers écrivains noirs, frappés par la ségrégation : Langston Hugues, Chester Himes. Développement et décadence du genre noir en littérature (Ellroy en est le cancer parodique). Rôle des exilés antifascistes dans l'apparition de ce genre : Adorno parle d'anti-ville, d'absence de lieu de civitas. Anton Wagner, Egon Erwin Kisch, Eco et Baudrillard (pas si originaux). E. M. Remarque soulignait surtout l'ennui mortel. Marcuse, mais peu de descendance intellectuelle.


Les sorciers : Sur le lien particulier entre recherche scientifique et milieux d'affaire qui s'est noué à L.A. grâce à Robert Millikan, eugéniste antisocialiste et président de Cal Tech. Science starisée, avec des accents messianiques, influence sur le discours de la scientologie.


Les "communards" : alors que la ségrégation raciale s'accentue dans les années 1950, première culture underground, qui passe par les milieux du jazz, de courants de peinture minoritaire et de la culture hotrod (Kienholz, Kenneth Anger, Thomas Pynchon). Electrochoc des émeutes de South Central, 1965. Mais tournant de l'exposition Art et Technologie de 1971, qui montre une politique culturelle nouvelle, où la culture de quartier cède le pas à des partenariats artistes-entreprises. Trajectoire typique d'Edward Ruscha.
Les "mercenaires" :Dans les années 1990, départ de Didion et Dunne, deux écrivains angéliens, mais arrivée d'intellectuels déracinés, attirés par une vague de mécénat voulant prouver que LA est une ville intellectuelle : opéra de Bunker Hill, essor du Westside. Livre de Reyner Banham, chantre de LA, ville du futur. Commission culturelle aux mains de magnats de l'immobilier comme T. Maguire III : subventions cachées aux promoteurs, tandis que la street culture se désertifie. Et Frank Gehry comme emblème.
Aujourd'hui, des intellectuels s'efforcent de faire du gangsta rap un objet d'étude, culture engluée dans des stéréotypes. Les barrios de LA vendent de la pellicule.


CHAP 2 - LES JEUX DU POUVOIR


Qui dirige LA ? Le pouvoir semble fragmenté, même si une oligarchie domaine. S'explique par des particularismes : l'économie, en perpétuelle recomposition, empêche toute assise définitive ; contrairement au reste des Etats-Unis, à LA les Wasp ont dû conquérir le pouvoir sur les élites juives et catholiques ; le développement des banlieues a commencé dès les années 1930, anticipant celui des années 50 dans le reste des Etats-Unis ; les élites se sont internationalisées dès les années 1960, avec dans les 80's, l'arrivée des capitaux japonais ; enfin, il n'y a pas de culture d'opposition à gauche. A partir des 50's, deux centres s'opposent : Downtown et le Westside, jusqu'à ce qu'une répartition des rôles s'opère.


Lutte des classes au soleil : au départ, propriétaires latifundiaires opportunistes (Abel Stearns). Puis carpetbaggers (1870) : spéculateurs de San Francisco attirés par l'effondrement du prix du terrain après des sécheresses (Isaias Hellman). Boom lié à l'arrivée du chemin de fer. Développement de la culture des agrumes. Lutte du général Otis pour un vrai port (Free Harbor League), thème du "nouveau départ" et création de l'aqueduc, d'un réseau de tramway aux dimensions inédites... Dynastie Otis-Harry Chandler. Leurs manipulations immobilières ont inspiré le Chinatown de Polanski. La "brigade rouge" du LAPD vide tous les syndicalistes. L'élite juive se replie sur Hillcrest. Frénésie pétrolière qui amène la construction des premiers gratte-ciel de Downtown. Mais ce boom est possible surtout en drainant le crédit des autres régions, grâce à une promotion immobilière très intense.
Une ville à deux têtes : dès les 30's, Downtown se coupe des milieux d'affaires. Boom de l'industrie keynesianisée pendant la guerre, puis émergence du Westside. Importance des promoteurs-constructeurs, qui dépendent du contrôle d'agences fédérales, et non de la mairie. Deux bourgeoisies qui se tournent le dos. Victoire du démocrate Sam Yorty en 1961, qui s'allie avec le Westside. Evince William H. Parker du LAPD. Mais Comité des Vingt-Cinq, cabinet de magnats qui fait pression. "Mafia de Malibu" du Westside, qui fait tomber Yorty et pousse Bradley à sa place. Mais son influence décline.
Les nouvelles frontières du pouvoir : Grande dispersion du pouvoir, le capital étant de plus en plus internationalisé. Mais les plaines côtières ont été entièrement aménagées ; les firmes ont remplacé la capitalisme familial. Les industries consommatrices d'espace rentabilisent au maximum leur patrimoine foncier. Enjeu de la revalorisation de Downtwon : la construction de gratte-ciel (à la hauteur limitée) devient un enjeu de capitaux internationaux. Image de cette évolution, le Los Angeles times perd du terrain en terme de diffusion. Influence disproportionnée d'Hollywood dans les primaires, notamment démocrates, avec la firme Manatt, Phelps, Rothenberg et Philips dans le rôle du marieur. Au fond, en termes de pouvoir, la LA du futur fait penser à la mer des Caraïbes au temps des boucaniers, et la ville devient "une zone d'entrepôts pour des mégabanques et des monopoles technologiques" (p. 135).


CHAP 3 - LA REVOLUTION DES NIMBIES
Démission de la conseillère municipale Joy Picus, dont le seul tort était de s'opposer à la sécession des habitants de West Hills vis-à-vis du quartier de Canoga Park. Exemple de mobilisation extrême au nom de la community (homogénéité socio-raciale d'un quartier), les associations de quartier formant le seul vrai "mouvement social", épée de Damoclès que redoute tous les élus.
Le bolchévisme des possédants : Retour sur le mouvement slow-growth (1986), qui cache derrière la volonté de maîtriser la croissance urbaine le souci des possédants de ne pas voir la valeur de leur bien baisser. Rien à voir avec le plan de contrôle de la croissance de Petaluma (San Francisco, 1973), bien plus environnementaliste.
La muraille blanche : Dès les années 1910, la possibilité par les communities d'imposer des réglements de quartier fut utilisé contre les Noirs, leur interdisant l'accès de zones entières de LA. Anti-African Housing Association de 1922, jusqu'à l'interdiction fédérale de 1948. La Californie se divise en un "archiper suburbain de petites principautés insulaires" (p. 149).
Le séparatisme des banlieues : Après la guerre de Corée, vague de séparatisme municipal. Lakewood Plan : la ville obtient son indépendance et finance ses services de base auprès du comté. + TVA locale à partir de la loi Bradley-Brun de 1956. 26 minimal cities suivent ce modèle entre 1954 et 1960, pour éviter de participer au financement des services publics. Lobby des associations de propriétaires.
Le paradis en danger : A partir des années Kennedy, but est de défendre ce rêve suburbain contre le boom immobilier. Défend un "écologisme de luxe", pour sauver Santa Monica. Cf R. Lillard, Eden in Jeopardy.

Une révolte contre la densité : Dans le contexte économique difficile des années 1970, densification sélective : bungalows bon marchés/résidences de luxe consommatrices d'espace. Révolte contre l'habitat collectif pendant la campagne de 1972-1973 : Yorty pro-logements sociaux, Bradley favorable à une densification encadrée.
Le big bang : sur la "révolte fiscale" de 1973, prônée par les possédants, d'abord dans la San Fernando Valley. Bétonisation de certaines zones dans les 80's. Ultimatum de la Fédération des propriétaires en janvier 1985 pour se mettre en conformité avec le schéma directeur. Garcia, président de la commission d'urbanisme, revoit sa copie et prône des "pôles de développement limité". Prélude à un fédéralisme urbain fragmentant l'autorité urbanistique.
Le facteur Hyperion : en mai 1987, la station d'épuration Hyperion recrache ses eaux usées. Ouvre des débats sur la pression sur l'eau opérée par les water ranchers, sur le smog ambient. Bradley lâche du terrain aux partisans du slow growth. Prise de conscience des limites du boom. Emergence des Nimbies, fragmentation des revendications sur des problèmes futiles, bloquent des projets qui pourraient résoudre des problèmes (ex. du refus d'une ligne de tramway par les habitants de la San Fernando Valley). Exemples de plusieurs communautés autocentrées : Monterey Park, banlieu réservée aux Chinois ; opposition à tout logement social (pour Mexicains-Noirs) et tout campements des habitants d'Orange, qui emploient pourtant ces mains-d'oeuvre. Au fond, la vraie opposition est maintenant entre locataires et propriétaires.


CHAP. 4 - LA FORTERESSE L. A.
Ce chapitre est considéré comme le coeur de l'ouvrage, ce qui a fait qualifier par W. Gibson d'ouvrage cyberpunk. Il est pourtant court. Les villes sont devenues des forteresses retranchées pour riches.


La destruction de l'espace public : Les espaces publics sont susceptibles d'attirer des street persons. Vision à l'opposé de celle d'Olmstedt, l'architecte de Central Park, dans le silence complaisant de l'élite intellectuelle.
La cité interdite : 1e militarisation de L. A. sous Otis. Nouveau Downtown avec des gratte-ciel ambitieux, avec des choix antipiétons. Glacis avec les banlieues chaudes. Hill Street = nouveau mur de Berlin. Urbanisme luxueux de Bunker Hill, South Park, mais déplacement des pauvres : reconversion du vieux ferry en centre d'internement. Politique de containment dans Skid Row dans les 80's. Bancs anticlochards, arrosage des pelouses la nuit, toilettes publiques inexistantes. SDF deviennent des bédouins, dont les campements sont régulièrement détruits.
Frank Gehry, un justicier dans la ville : L'architecture de Gehry traduit une orientation défensive, avec un extérieur menaçant : Dantziger studio, Cochiti Lake, Loyola Law school, et surtout la bibliothèque régional Frances-Howard-Goldwyn, sorte de fortin colonial.
Le centre commercial panoptique : exemple du centre commercial d'A. Haagen, pour les quartiers dégradés, qui rappelle un pénitencier, à Watts.
De rent-a-cop à Robocop : Privatisation de la sécurité, et parfois de routes entières. Privatisation de l'espace public à Park de la Brea, logique d'enfermement. Panonceaux "Armed response".
Le LAPD, police de l'espace : Sur la militarisation du LAPD, qui collabore étroitement avec la sécurité privée. LAPD : 1e police à miser sur la mécanisation et la dispersion dans les 20's. Après Watts, rôle pionnier dans les forces aériennes, avec des caméras infrarouges. Partenariat ancien avec Hughes Aerospace. Projet de satellite géostationnaire défendu par Ed Davis, ancien chef.
La ville carcérale : Prisons fédérales en pleine ville, invisibles : Metropolitan Detention Center.
La peur des foules : Haine du LAPD pour les rassemblements, surtout depuis Watts. Interdiction de la Street Scene depuis 1986, sans fondement.


CHAP 6 - LE MARTEAU ET LE CAILLOU
Ouverture sur le premier raid anticrack sous l'oeil enthousiaste de Nancy Reagan le 6 avril 1989. Retour sur l'histoire des gangs à LA.
Ici, c'est le Vietnam : Explosion des violences entre Noirs et hispaniques dans les années 1980 à cause de l'épidémie de crack, notamment entre Crips et Bloods.
La chasse aux gangs : prise de conscience du racisme policier en 1978, sur des talk-shows. Mais face au crack, les leaders noirs des 80's baissent d'un ton. Les libéraux ne pipent mot. Equivalent des "hameaux stratégiques" au Vietnam.
Little Jimmy contre les Playboy Gangsters : James Hahn, procureur spécialisé dans les droits des minorités, veut à partir de 1972 lutter contre le "terrorisme juvénile", pour se faire un nom. ¨Prend pour cible les Playboy gangsters Crips, qui tenaient Rodeo Drive, un drive-in de la drogue. Propose un arrêté instaurant un véritable couvre-feu pour les adolescents, avec une notion de complicité étendue. Débouté, mais le débat reprend dans les médias. Avec l'appui d'Ira Reiner, procureur du comté, ils obtiennent une montée des crédits antigangs et la loi STEP reprenant leurs propositions.
Une génération sous couvre-feu : Ex. de Don Jackson, policier noir molesté pour avoir emmené des enfants noirs à Westwood Village. Opération School buy : jeunes policiers en civil infiltrant le milieu lycéen, cosmétique. Horrible pénitencier de Pelican Bay.
Colère noire : Victoire idéologique du tout-sécuritaire de Yaroslavsky, fantasme d'apartheid.
Les révolutionnaires du lumpenprolétariat : 1ers gangs de South Central, dans les 40's, étaient des groupes de défense face aux agressions racistes, face au racisme du LAPD de Parker, qui exaltait le "ruban bleu" protégeant les WASP, et attaquait les éducateurs. Provocations du LAPD, pr renforcer sa position, alors que le chômage explose au sud de LA. Politisation des gangs : les Slausons deviennent un vivier des Black Panthers, la violence entre gangs baisse. Trève après Watts, qui soude les Noirs pendant 3-4 ans. Mais le programme COINTELPRO démantèle les Panthers, et les Crips et les Bloods apparaissent dans le vide laissé. Ils gardent l'aura héroïque des Panthers, mais sans le contenu politique.
Une génération sacrifiée : Contrôler le ghetto entier devient un enjeu. Les médias dénient aux membres de gangs tout droit à la parole. Exception de la Humane Relations Conference de 1972, qui montrait que des leaders du ghetto pouvaient s'exprimer, en général pour demander du travail. L'ascension d'une minorité de Noirs les ouvre à la politique mais les coupe de la communauté. South Central reste délaissé par les crédits sociaux. Déscolarisation de 250 à 350 000 enfants.
L'économie politique du crack : Sur les sources d'approvisionnement des Crips, passage de la cocaïne au crack pour gérer la surproduction. Mais pas de liens des revendeurs avec du grand banditisme, comme veut le faire croire le LAPD. Les Crips et les Bloods sont des produits de l'ère Reagan, qui ne croient qu'en l'argent. Expansion des gangs chez les Hispaniques et les Asiatiques.


CHAPITRE 7 - LE DEPOTOIR DES RÊVES


Focus sur la ville de Fontana, ancienne ville industrielle devenue le symbole de l'échec du rêve américain en Californie.
Les fermes de Fontana : A. B. Miller, entrepreneur, fit dans les années 1910 la promotion des fermes de Fontana, image d'un Eden à portée des classes moyennes de Los Angeles, après avoir obtenu des fonds pour développer l'irrigation là où régnait un paysage semi-désertique. Le rêve jeffersonien couplé avec un idéal d'agriculture scientifique.
L'homme-miracle : Parmi les hommes-miracles des années 1940, d'après Inside USA de John Gunther, Henry J. Kaiser, image du patron progressiste et visionnaire. Profite du New Deal, puis de la 2nde guerre mondiale, pour développer l'industrie, fondant les Liberty Ships à Richmond, Portland, Vancouver. Pour répondre à la pénurie de plaques d'acier fabriquées sur la côte est, obtient financement pour le complexe industriel de Fontana, à l'intérieur des terres (loin d'une attaque japonaise).
Les fruits dorés de la guerre : Fontana profite de l'hystérie de la côte. Kaiser bâtit son usine grâce à une électricité bon marché et une bonne connexion ferroviaire, indispensable faute de filon local. La fumée de coke recouvre la vallée, fait pression pour obtenir une imposition très basse. Se lance dans la maison préfabriquée, mais défie imprudemment les cartels de l'Est en fondant Kaizer-Frazer-Motors, qui coule rapidement. La guerre de Corée le sauve.
Massacre à Fontana : L'installation de 5 000 ouvriers déséquilibre la communauté, la pègre s'installe non loin à Rialto. Le meurtre de O'day Short, militant des droits civiques ayant commis le crime d'acheter un pavillon résidentiel dans un quartier blanc de Fontana, et l'étouffement de l'affaire, laissèrent des plaies dans la communauté. En 1950, un premier noyau de Hell's Angels naît à Fontana, même si le pouvoir passe rapidement à la section ultraviolente d'Oakland.
Jours tranquilles à Fontana : L'industrie attire des migrants, comme les Slovènes. Kaiser Steel s'efforce de prévenir tout développement du syndicalisme.
La chute de Bis Bess : Les étapes de la fin de l'aciérie de Fontana, concurrencée par l'acier japonais. Depuis les années 1960, le panache de fumée fait de Fontana l'épicentre de la pollution atmosphérique en Californie. Un escroc, Rial, qui prétendait relancer l'usine sans avoir un sou, amène à la chute de l'industrie, résolvant le problème.
Le mirage du redéveloppement : La ville est sauvée par le fait de devenir la nouvelle frontière du périurbain, d'autant que la municipalité se montre accommodante avec les promoteurs. Mégaprojet du "village" de Southridge, sur le modèle d'Irvine, la ville modèle du Sud d'Orange County, alors que la fonderie ferme. Mais regain de violences racistes et éclatement de la bulle spéculative en 1986. La ville est endettée et a favorisé les grandes chaînes au détriment du commerce local. Fermeture du chantier de Southridge.
Ce qui reste : Vision cauchemardesque de ce qu'est devenu Cherry Avenue, royaume de tous les trafics, avec ses tripots, sa friche industrielle évoquant Dresde, l'ombre fantomatique de Fontana Farms, les voitures désossées. Dépotoir du rêve américain.

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le 14 févr. 2017

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