Incas d'école
L'empereur de l'uchronie en littérature, et il n'est pas prêt d'être détrôné, reste Philip K. Dick avec Le Maître du Haut Château qui imaginait le monde dans les années 60 après la défaite des Alliés...
le 21 août 2019
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Sur la forme, le roman est particulièrement agréable à lire : l’histoire ucronique du continent européen est racontée à travers de multiples points de vue, rythmant habilement l’histoire : un préquel en amérique du Sud, des lettres du malheureux Christophe Colomb à Cuba, et surtout le récit de l’ascension européenne du charismatique Atahualpa, arrivé avec 200 hommes. Le style est limpide, efficace, inspirant, sans digression superflue, au service de la conquête de l’Europe par les Incas, agrémenté de clins d’oeil au réel divertissant (une pyramide mexicaine dans la cours du Louvre, la rencontre de Montaigne à Bordeaux, les peintres Michel Ange et Titien).
Ce qui nous amène au fond : intégrant au préquel de son roman quelques ingrédient pour justifier la possibilité de l’invasion Inca (anti-corps, le cheval, le fer), Laurent Binet nous transporte dans une Europe où les peuples, à commencer par les élites, se mélangent, non plus entre européens, mais entre civilisations pour finalement ne former qu’une civilisation (à grand renfort de guerre et de migration forcée). Les modes s’harmonisent et les échanges se développent. L’ucronie passe dans le domaine de l’utopie.
Nous ramenant à la petitesse récurrente des débats politiques sur le nationalisme et ouvrant la réflexion sur la possibilité d’un monde uni, par un mode de vie communautaire et la mixitité démographique (Atahualpa s’imposa autant par la force que par son habileté politique sur les religions différentes). Réflexion de mon point de vue vaine : la propriété privée, le rôle de l’argent, l’instinct replitilien de domination et de préférence à ce que l’on connaît (dans notre univers mondialisé, les couples différents sont-ils si légion) ne peuvent que nous laisser caresser la perspective magnifiquement dressée par le roman.
Créée
le 29 janv. 2022
Critique lue 6 fois
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