En tournant la dernière page, j'ai pensé au film Deepwater de Peter Berg qui raconte la véritable catastrophe de la plateforme Horizon dans le golfe du Mexique. Mais c'est le seul point de comparaison. Dans ce livre, l'enchainement des situations, les excès des patrons et leur irresponsabilité, l'aggravation des problèmes jusqu'à l'explosion de la plateforme Sigurd, à l'extrême-nord de la Norvège, proche de la frontière russe, sont décrits avec une précision millimétrée et un sens du rythme plutôt bien maitrisé, comme dans le film. Et ce désastre prévisible est mis en scène avec des personnages crédibles, mais inaudibles face aux enjeux financiers de la Compagnie.
Autour de cet accident, un autre catasclysme se prépare, provoqué par le réchauffement climatique, dont les conséquences seront lourdes et dramatiques pour la ville proche et ses populations locales. Un glacier fond anormalement vite, se disloque en provoquant des mini tremblements de terre, dont les conséquences insidieuses accélèrent la disparition de la plateforme pétrolière. Celui-ci risque de rompre à tout moment, en provoquant une monstrueuse catastrophe. Mais un tel drame ne pourrait-il pas devenir une possibilité voire une réalité probable ? C'est toute la question induite par le sujet de ce livre qui mérite notre attention.
L'auteur, Thomas B. Reverdy, nous propose cette histoire en l'incluant dans un jeu de rôle, bâti sur les légendes décrites par Tolkien, qui rassemble des amis de jeunesse dont les routes se sont séparées mais dont la situation sur le glacier et la plateforme va favoriser leurs retrouvailles. Ce jeu de rôle fait allusion à l'aventure telle que décrite par l'auteur du Seigneur des Anneaux et prolonge latension palpable qui se développe au coeur des événements réels.
Il y a d'abord Noah, ingénieur géologue qui doit analyser la situation sur la plateforme, et Ana, son ancien amour de jeunesse qui semble l'avoir attendu autant que possible, puis Anders, devenu climatologue qui va découvrir le véritable état du glacier, amplifiant son inquiétude, et enfin Knut, le sauvageon de la bande, qui vit à l'écart du monde avec ses chiens. Tous les quatre vont progressivement se rapprocher avant de se retrouver confronter à la fin du monde dans ce fjord reculé.
C'est bien écrit, très bien décrit, parfois avec des phrases longues qui alourdissent la tension et la violence des situations, et des choix de descriptions très poétiques qui atténuent l'ampleur des catastrophes à venir, tout en sublimant les scènes de tendresse. C'est très bien fait. J'ai beaucoup aimé.
A lire certainement.
L'effondrement du glacier en Italie, dernièrement, qui a fait 11 morts colle parfaitement avec l'un des thèmes de ce livre. Quand la réalité rejoint la fiction...