Mon avis : L’histoire de Code 93 est très bien ficelée. Dès la première page, nous sommes happés par le récit, qui s’ouvre sur une reconnaissance de corps d’une jeune femme à l’Institut médico-légal de Paris. Puis un cadavre, un autre… Les différents assassinats, opérés avec un certain sadisme, ont tous été l’objet de réelles mises en scène. Est-ce l’œuvre d’un psychopathe ? D’un homme assoiffé de vengeance ? Aucun répit pour le capitaine Coste et son équipe, qui vont devoir faire cesser tout cela au plus vite. Nous prenons donc place au sein de ce groupe de policiers qui travaillent dans le 93 – département réputé comme étant celui connaissant le plus fort taux de violence dans le pays. Beaucoup d’éléments et de questionnements qui apparaissent page après page, qui sont parfois légèrement déroutants, pour s’imbriquer dans une révélation finale qui mettra le lecteur quelque peu mal à l’aise : et si ce dernier finissait par ressentir de l’empathie pour le « méchant » de l’histoire ? En parallèle, nous allons découvrir que la SDPJ procède parfois à de petits arrangements et magouilles en interne, au grand dam de Victor Coste.
Un des nombreux points forts de ce roman est les personnages mis en scène. Victor Coste est sans conteste un excellent flic. Il sait manager son équipe, mais aussi la préserver quand il le faut, et il souhaite tant que possible prendre soin de celle-ci, avec qui il semble avoir de réels liens. Plutôt solitaire dans la vie de tous les jours, il paraît considérer ses collègues comme une seconde famille. Parmi ceux-ci, il y a Ronan Scaglica, le séducteur de l’équipe, Sam, plus à l’aise au bureau que sur les scènes de crimes, et Johanna De Ritter, la nouvelle qui va devoir faire ses armes et trouver sa place au sein du groupe. Léa Marquant, médecin légiste, est également un personnage important dans cette petite bande, et tout particulièrement aux yeux de Victor Coste. N’oublions pas Matthias Aubin, son meilleur ami, qui, bien que peu présent physiquement dans la narration de Code 93, car fraîchement muté à Annecy, joue cependant un rôle important dans l’intrigue. Ensemble, ils vont mener l’enquête en Seine-Saint-Denis et à Paris, et l’auteur parvient à rendre chacun de ses protagonistes émouvant, si bien que l’on finit par être attaché à chacun d’eux.
Ancien lieutenant de police, Olivier Norek maîtrise parfaitement son sujet. Il sait de quoi il parle, il connaît les ficelles du métier, et il nous propose un scénario aux multiples rebondissements qui tient la route et qui est, de plus, parfaitement crédible. Nous pouvons même retrouver quelques touches d’humour, bien que celui-ci soit le plus souvent acerbe, voire corrosif (je pense par exemple aux « Cons qui regardent »). Chapitres courts, écriture incisive, fluide, chaque élément est ici brillamment dosé : pas trop de descriptions, mais juste ce qu’il faut, des dialogues percutants… Il faut faire vite, le temps presse, nous tournons les pages avec avidité, désireux d’en savoir plus et d’accompagner les flics sur les lieux de l’enquête, mais aussi dans leurs réflexions. Code 93 n’est pas un simple polar avec un tueur en série qu’il faut coffrer, mais un ouvrage sur la manipulation des hautes instances, sur la cupidité de certains hommes de pouvoir. Nous allons également découvrir le travail de policier dans ces banlieues dites « chaudes », sans omettre les habitants de celles-ci.
À recommander : À tous les amateurs de thrillers.
Une citation : « Un meurtre, c’est un coup de couteau, un coup de feu ou un bon swing de barre de fer. Du spontané, fait à la hâte, avec un minimum de préméditation. Un meurtre, c’est souvent bâclé. Surtout pas théâtralisé. » (p.32)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/08/30/code-93-olivier-norek/