Carmen est sans doute l’œuvre la plus connue de Mérimée, ensuite vient la Vénus d’Ille, et enfin Colomba.
Colomba, qui se situe donc sur la troisième marche de ce podium purement subjectif et sorti de nulle part, nous conte l’histoire du frère de cette Colomba, Orso, un Corse gradé qui revient sur ses terres une fois son père assassiné, les bagages chargés de diplomatie et de sens de la justice.
Evidemment, le contenu de ces bagages n’est pas du goût de la frangine qui, en pure Corse chargée de rancœur et d’instinct insulaire inhérent à l’Île de Beauté, ne souhaite que la vendetta envers les véroles corrompues qui ont assassiné son père.
L’opposition fraternelle est bien narrée et décrite par Mérimée, c’est la glace contre le feu. Colomba est d’ailleurs plus discrète, elle agit dans l’ombre mais fait toujours en sorte que ses actions aient une vraie répercussion, car elle compte bien rendre à son grand frère tout cet atavisme corse qui s’est estompé lors de son voyage, et qui s’estompe encore davantage au contact de la très veule et austère Nevil, une Anglaise intriguée par la fierté corse et dont Orso s’est épris.
La Corse, et toute son imagerie orgueilleuse et vindicative qui lui est associée, permet à l’intrigue de bénéficier d’un cadre justifiant le combat idéologique que se livrent le frère et la sœur. « Si elle est comme ça, c’est parce qu’elle est Corse, et les Corses sont comme ça ! ». On ne sait pas trop si Mérimée dénonce ce comportement héréditaire ou non, tant il est à la fois fasciné par cette aura métaphysique vengeresse que partisan des idées pacifiques d’Orso, qui cherche simplement à éteindre le conflit et éviter la vendetta.
Il y a des combats, des assauts à cheval, des machinations, des dénouements jouissifs, des conflits dramatiques, tout juste ce qu’il faut de romance et de clichés et une réflexion sur le thème de la vengeance et la justice. Sympathique.