Une toute petite histoire pour ce premier roman reprenant le personnage de James Bond après la mort de Ian Flemming.
Pourtant, ça commençait plutôt fort avec l'enlèvement de M. L'enjeu est donc important et il se développe dans le plan du Colonel Sun. Sauf que.
Jamais Kingsley Amis ne parvient à créer la moindre émotion tout occupé qu'il est à se moquer du genre dans lequel il doit écrire. Alors oui, c'est rigolo avec les blagues racistes, homophobes et, bien évidemment, misogynes. Il prend les travers de Flemming et les pousse jusqu'à l'absurde mais sans jamais les contrebalancer avec autre chose: du suspens, de l'aventure, de l'action ou même son style propre. Egalement, son mépris pour les gadgets montre qu'il n'est pas plus intéressé par la version cinématographique du personnage. Il n'était vraiment pas le choix idéal pour reprendre la série et d'ailleurs ce sera son seul titre.
Malgré les enjeux, jamais on a l'impression que c'est important et les personnages se baladent au gré des événements sans aucune hausse de tension.
La principale erreur est d'avoir déconnecté le lecteur de James Bond. Chez Flemming, dès qu'il apparaissait, on était dans son monologue intérieur, le lecteur voyait tout par ses yeux. On était avec lui, on était lui. Ici, c'est le personnage principal, certes, mais il est traité comme tous les autres.
J'ai lu la réédition du Cherche-Midi qui reprend la traduction de 1969. Pour 13€ le poche de 270 pages, une nouvelle traduction aurait été la bienvenue. Non pas pour amoindrir quoique ce soit mais pour la nettoyer des expressions et du style de traduction de l'époque. Et 13€ quand même.