L'instant Norvégien
Toujours aussi incroyable, un style fleuve qui emporte tout. Karl Ove à mal nous aussi, s’il aime nous aussi, sa vie qu’il déroule au fil de ses romans s’incruste en nous. Un vrai putain d’écrivain !
Par
le 18 avr. 2019
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Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HfSR836i_hE&t=1368s
La spirale continue dans ce tome. Au début, apparait une sorte de double de Knausgaard, ce garçon qui s’enferme après avoir commis un meurtre. On voit que l’empathie et du côté du coupable, non de la victime, et c’est comme si ça allait teinter son parcours d’étudiant. Le livre est découpé en deux parties : la première, avec cette école d’écriture bien inutile, et la seconde avec l’université. Son amour pour Ingvild gâché par sa relation avec son frère, lui-même blessé par un verre jeté par Karl Ove. Le roman parle du mythe orphique quand Karl Ove l’étudie, et c’est assez amusant, car sa vie prend le même chemin. On voit que l’art, c’est quelque chose qu’il ne maîtrise pas au départ (et puis est ce que l’art est quelque chose qui se maitrise ?), que son école d’artiste n’a servi à rien à part miner sa confiance (ce qui n’est pas plus mal non plus pour sortir de ses automatismes, ses archaïsmes enfantins). Il y a toujours ce même sentiment de solitude et de métamorphose, le côté docteur Jekyll et mister Hyde que les ados ou étudiants connaissent bien, surtout les vendredis matins…
Autre chose, toujours cette littérature à la fois dans le dévoilement, mais qui suit aussi la réflexion sur soi dans ce qu’elle peut avoir de parcellaire : par exemple, Ingvild, qu’il décrit depuis le tome précédent, qu’on imagine avec ses yeux, donc. Il faut attendre la moitié du tome pour découvrir que c’est le portrait craché de sa mère. Et je trouve que c’est fort, de rester à ce point là dans l’écriture des choses telles qu’elles ont été vécues, des années plus tard. C’est là le talent de Knausgaard. Un autre auteur l’aurait précisé dès le début, mais non, lui conserve les zones d’ombres dans lesquelles il a été : de ne pas voir l’éléphant dans la pièce. C’est ainsi que le livre est un travail romanesque peut-être plus qu’autobiographique. Le Karl Ove auteur n’empiète pas sur le Karl Ove personnage. Ce qu’il découvre sera méthodiquement construit, comme s’il s’agissait d’un autre que lui. Avoir ce recul sur soi-même, ce recul pour admettre des choses inadmissibles (dans le sens de la morale), ben c’est même plus du courage qu’il faut. Les journalistes niaiseux du Nouvel Obs devraient en prendre de la graine.
Ma chronique est moins détaillée que d’habitude, c’est parce que je vais faire une vidéo plus complète sur l’auteur d’ici la fin du mois, je vous mettrai le lien : « Karl Ove Knausgaard, Écrire, c’est trahir ? ». Plus que le dernier (et Au printemps pour la route !)
Créée
le 25 mars 2022
Critique lue 37 fois
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