Comme le temps passe... par Huglac
Gnagnaga collabo gnagnagna littérature poussiéreuse, passons très vite ces poncifs usés comme les jeans de Mat Pokora.
Ce livre, publié en 1937 par Robert - l'esthète - Brasillach est un chef d'oeuvre de style, de subtilité et de composition. La prose est magnifique, avec ce joli petit rythme fait de virgules bien senties et de mots toujours parfaitement à leurs places.
Le roman est divisé en sept épisodes qui sont autant de passages de la vie de Florence et René. De l'île de Majorque, le "jardin d'Eden" où ils sont élevés à Paris où ils font leurs études, de Tolède à la grande guerre, leurs destins paraissent liés pour toujours. Malheureusement le temps passe et le bonheur semble les fuir à mesure que les douces années de l'enfance s'éloignent et que les affres de l'âge adulte et de la vie bourgeoise se font sentir. Quand il évoque son oeuvre, Brasillach explique que "plus encore qu'à peindre mes amis je me suis attaché à peindre ces ombres, ces personnages passagers compagnons de leur destin".
Chose rare et ô combien significative, je multipliais les pauses pendant ma lecture, dicté par le besoin de profiter, de savourer chaque ligne de la même manière que je finissais en trois heures mon marron suiss' à 10 ans.
Au risque de passer pour Jean Relou je déplore évidemment le manque de reconnaissance de cet ouvrage majeur. Je pense qu'il serait bon de lui donner un écho plus important, car peut-être pourrait-il se faire une petite place au milieu des 90 thèses sur Sade et Nathalie Sarraute?
Bref, je le recommande vivement à tous les amis du goût comme moi ou Noël Robuchon.