Éloge au lesbianisme politique ?

Autrice de ressource humaine, Louise Morel nous a écrit un ouvrage captivant sur le lesbianisme ou plutôt comment entrer dans la lesbo sphère ! Selon Louise, on naît lesbienne ET on le devient. Que dire simplement que les lesbiennes, pis, pans naîtraient ainsi c'est occulter le poids de l'hétéronormativité sur nos têtes. C'est aussi continuer de marcher les yeux rivés sur ses chaussures comme si on était mal chaussé de ne pas avoir la validation des hétéros. C'est occulter aussi les personnes trans, les femmes mais aussi les personnes NB ou les personnes qui peuvent se déclarer transgouine en étant transmasculine. Ce que ce livre nous dit c'est qu'il n'y a pas de déviance en nous, mais qu'une fois de plus c'est une construction sociale.

Elle rappelle le lourd tribu des thérapies de conversion, ce rejet incessant comme individu de seconde zone. Elle rappelle que l'hétérosexualité est un régime politique et la contrainte à l'hétérosexualité d'Adrienne Rich ou la pensée straight de Wittig. Elle évoque les représentations peu présentes qui participent à l'invisibilisation des lesbiennes et à leur stigmatisation ou encore le queerbaiting ou le dead lesbian symdrome. (Lisez Juliet Drouar). Quand elles ne sont pas invisibilisées, elles sont fétichisées, il suffit de taper le mot "lesbienne" dans un moteur de recherche pour comprendre.

Elle évoque la misandrie comme outil politique et dénonce le stéréotype de la lesbienne forcément misandre et que le couple hétérosexuel est une institution sociale qui permet de justifier la violence des hommes envers les femmes. Ce qui l'a le plus saoulé dans les relations hétéros étaient la charge mentale et le travail relationnel. Elle revient sur le mépris du féminin et la rivalité féminine qui peut avoir pour répercussion de vouloir faire mieux et que SURTOUT cette rivalité nous empêche toute possibilité d'avoir une attirance pour ces femmes qu'on s'est posé en ennemies. Je trouve sa définition de la sororité assez juste : " faire le choix de consacrer son énergie, ses ressources et son affection en priorité aux femmes et aux personnes sexisées." car en effet, à mettre en pratique ce n'est pas toujours simple étant donné qu'on nous conditionne à nous adapter aux hommes cisgenres.

Elle parle aussi de l'hétéra-curieuse, de gaydar, de coming-out, d'autodéfense (notamment pour les femmes handi avec l'asso Faire Face), de lesbophobies des questions d'attraction, de pratiques, des infections sexuellement transmissibles (un guide fait par SOS homophobie pare exemple), mais surtout de projeter sa sexualité comme un curseur. Son livre déculpabilise vraiment des personnes qui ont relationné longtemps avec des hommes ou qui cherchent activement des meufs avec qui relationner et d'ailleurs, déplore qu'on n'en parle pas plus ! (et vous donnera quelques clés pour y voir plus clair)

Pour les bébés bies/pan comme moi, peu de ressources sur la question mais protégez vous car les femmes bies sont plus sujet-tes aux violences conjugales que leurs potes hétéras ou lesbiennes. (je suppose que pour les personnes NB bi, ça doit être aussi de cet ordre)

A la fin, vous trouverez de nombreuses ressources, dont le podcast "comment devenir lesbienne".

Ce livre m'a rappelé une chose : la sexualité hétéro est tellement ennuyeuse, les mecs cis, ouvrez vos perspectives en terme d'imagination, on s'ennuie.

Citation :

"La seule chose qui pourrait "justifier" l'homosexualité aux yeux des homophobes est aussi précisément ce qui permet d'asseoir le régime hétérosexiste comme régime hégémonique"

"En terres lesbiennes, c'est vous qui décidez ! "

"Au fond, la réponse la plus efficace contre la lesbophobie n'est pas individuelle mais collective."

" Du coup, ils comportaient tous des faux testicules, qui rendaient leur utilisation difficile avec un harnais. Dans les années 80, les lesbiennes coupaient donc les testicules de leurs sextoys pour pouvoir prendre leur pied. Tout un symbole."

" Le lesbianisme politique ne dit pas que toutes les femmes devraient être lesbiennes mais que toutes celles qui le peuvent ont énormément à y gagner."

"Ce qui attire souvent mon regard aujourd'hui, ce ne sont plus les comportements "bizarres" ou les apparences "originales" mais bien la norme elle-même."